lundi 13 janvier 2014

Départ et arrivée rocambolesques...

Je reviens pour un deuxième séjour à Nemaska. Je croyais avoir amplement de temps devant moi ce matin à l'aéroport... jusqu'à ce que je vois la file interminable devant Air Creebec!! Du jamais vu selon plusieurs, les deux vols du matin sont complets. J'ai même vu une collègue du Cree Health Board devoir rebrousser chemin, sa place n'avait pas été réservée. Faut être à son affaire...

J'ai battu un record en excès de bagages encore une fois... plus du double de ce qui est autorisé. Mais pour le confort que ça me procure rendue ici, ça vaut tout de même le coup.

À la sécurité même chose... et l'heure de mon vol approchait dangereusement. J'ai fini par passer avec l'aide d'une agente de bord de la compagnie, hop un petit tour dans la file VIP.

Finalement bien sûr le vol était retardé et j'ai dû patienter avant l'embarquement. J'ai retrouvé la collègue physio en training avec moi début novembre!! Nous avons pu échanger des nouvelles, c'était bien de la revoir!

Un petit arrêt à Chibougamau, et rendue sans problème à Nemaska. Sans problème? Oups... TOUS les bagages des passagers de l'avion sont restés sur le tarmac à Montréal... Alors je me retrouve avec mon bagage à main seulement.

L'inventaire est limité... au moins j'ai un kit de vêtements de rechange, quelques produits d'hygiène en petits formats... J'espère que le reste va arriver bien vite! On annonce très froid vers la fin de la semaine... Mes mitaines vont me manquer! Ainsi que mes culottes de neige, raquettes, fil pour charger l'ordi de travail, et tout et tout.... :S

J'ai une coloc pour au moins deux semaines cette fois-ci. Une infirmière retraitée qui continue à faire du Nord à temps partiel, en alternance avec des missions avec Cassira (tiens donc...).  Elle n'avait aucune idée que j'arrivais... Et elle n'y était pas quand je suis entrée dans l'appart. Y'avait plein de trucs dans "ma" chambre, et le congélateur m'a attaquée quand j'ai essayé d'y entrer une pizza congelée. Im-pos-si-ble. Ça déborde déjà. Elle est rentrée pour le lunch et a été bien surprise que j'y sois... Un peu comme moi quand ça arrive! Si on l'avait prévenue l'accueil aurait été meilleur, et j'empiète solidement dans sa bulle. Elle m'a fait de la place en catastrophe dans le frigo et a libéré ma chambre. Hâte de voir comment se passera la suite!! En tous cas elle doit avoir plein de trucs à raconter!

mercredi 18 décembre 2013

Peripetie du mardi soir...

Apparemment il y avait un probleme avec la poignee de porte de ma maison qui m'etait jusqu'alors inconnu, puis que je barrais seulement la serrure du haut. Philip notre homme de maintenance a la clinique m'avait bien demande quel etait le probleme des la semaine derniere, mais je l'ignorais. Donc il a simplement remplace la poignee de la porte exterieure pour en installer une qui verrouille, afin que tout ce qui se trouve dans le cabanon soit en surete.
 
Hier, encore un probleme avec la porte, la serrure du haut ne ferme plus. Je redemande a Philip d'aller verifier le tout. Il fait la reparation et me rapporte mes cles. A la fin de la journee, je prends mon temps au MSDC, je vais sur le web, j'attends 6h pour aller nager. Je rentre donc chez moi vers 19h30, affamee et fatiguee. Je suis tres contente d'arriver comme il faisait tres froid et venteux hier... Et la serrure de la poignee est barree. Je teste toutes mes cles, aucune ne fonctionne. J'essaye d'entrer par l'autre porte de la maison, je n'arrive pas a deverrouiller..... Je suis enbarree dehors!!!! Par moins 30 degres, fatiguee et affamee!
 
Je retourne donc a l'arena ou il y avait de la lumiere et j'emprunte le telephone du restaurant... Je reussis a rejoindre Joel, l'infirmier chef qui a au moins mille et une taches connexes... Il viendra me sauver, le temps que je mange au resto il me rejoint. Mon gentleman cambrioleur a reussi a ouvrir ma porte avec une carte de credit. Le probleme doit etre regle definitivement aujourd'hui. Heureusement, j'ai pu me rassasier et dormir au chaud dans mon lit!!

dimanche 15 décembre 2013

Kuujjuarapik, Great Whale ou Whapmagoostui

Deja 2 semaines... le temps passe vite!!

Je commence a etre bien installee ici aussi, tant au travail qu'a la maison. J'ai la chance encore d'habiter seule dans mon transit... ca pourrait toutefois changer cette semaine.

La communaute ici est tellement differente de Nemaska... d'abord beaucoup plus gros et moins calme! En general les travailleurs du sud sont plus jeunes et le fait qu'on n'ait pas la route favorise une espece de solidarite et de vie sociale. C'est moins du chacun pour soi, et c'est tres agreable.
Encore une fois je rencontre plein de belles personnes, avec toutes sortes d'histoires de vie.

Deux cultures se cotoient constamment, les Cris et les Inuits. D'ailleurs quand on entre a la clinique on se trouve face a deux receptions. Et a droite on trouve la salle d'attente crie, a gauche celle des inuits. Face a ces deux salles d'attente, en parallele, deux longs corridors symetriques ou on trouve les salles de consultation et les bureaux des travailleurs de chaque service. Les ressources ne sont pas egales des deux cotes malheureusement... Les Cris ont negocie des ententes tres avantageuses avec le gouvernement au fil des ans, ce qui les rend autonomes pour la gestion de leurs terres et de leurs services. C'est pourquoi par exemple le Cree Health Board a les moyens d'avoir un physio par communaute, alors que du cote inuit une physio donne des services pour toute la cote. Des services embryonnaires... et moins bien organises de ce que j'entends de mes collegues infirmiers. Une infirmiere d'agence me raconte etre allee travailler dans une communaute via une agence alors qu'elle avait offert directement ses services a l'etablissement auparavant... On s'entend qu'elle coute beaucoup plus cher par le biais de l'agence! Pour repondre au meme besoin...

Sur un ton plus leger, vous souvenez vous de l'epoque, ou est-ce que ca existe encore dans le sud, ou il suffisait de retenir trois chiffres pour rejoindre quelqu'un au telephone? Ici tout le monde est 819-929-3... Les numeros de telephone changent souvent car les gens oublient de payer le compte, par exemple, et doivent reprendr un abonnement. Mais plusieurs connaissent les numeros de tout le monde ou presque dans la communaute par coeur. Jeudi dernier, je devais rejoindre moi-meme plusieurs patients pour fixer des rendez-vous... Impossible de demander a la receptionniste du centre de jour comme je fais d'habitude car on n'a pas de telephone depuis lundi. J'ai vu que c'est retabli aujourd'hui dimanche. Je suis arrivee avec ma dizaine de dossiers dans la salle de mes collegues et leur ai demande un petit travail d'equipe... Savaient-elles a quel numero rejoindre ces personnes? A elles trois en 2 minutes j'avais tous les numeros dont j'avais besoin. Super!! Et j'ai pu aller faire mes appels a la clinique a 5 minutes a pied. J'ai fini par voir quatre patients dans ma journee... Un record!

Je vais aller voir si la piscine ouvre ses portes ce midi... je pensais nager en fin de semaine puisque les marches de soir ne sont plus recommandees... On aurait vu 2 loups a la dompe vendredi. Prudence!

mardi 3 décembre 2013

Vu hier et aujourd'hui

Les dessins des pistes d'animaux dans la neige
Les cinquantes nuances de gris dans les glaces sur la baie
La region ou les arbes deviennent de plus en plus rares
Quatre aeroports
Whapmagoostui comme le sud en fevrier, l'hiver est bien installe et les bancs de neige sont deja hauts
Ma nouvelle maison a Whapmagoostui
Quatre personnes sur un meme ski-doo, pas de casque
La piscine ou je pourrai aller faire des longueurs trois soirs par semaine
Les premiers Inuits et deux communautes qui cohabitent
Une equipe jeune, dynamique, chaleureuse

J'ai vraiment l'impression d'avoir change d'univers.... Nouvelle adaptation! Les attentes sont grandes...

Pas d'internet a la maison...

dimanche 1 décembre 2013

Faire l'épicerie

Quoi de plus banal... Généralement l'approvisionnement est une tâche pour moi assez agréable. Tellement de produits diversifiés et frais sur les tablettes et dans les frigos, des heures d'ouvertures qui facilitent la vie des travailleurs... 
Ici c'est un peu plus ardu. On ne trouve à Nemaska qu'un tout petit supermarché, approvisionné deux fois par semaine : le mercredi arrive tout ce qui est frais et congelé, le vendredi tout ce qui est sur les tablettes. Le vendredi soir et le samedi sont donc les moments privilégiés pour y aller, puisque le mercredi et le jeudi les produits frais y sont, mais les tablettes sont vides. Il est ouvert du lundi au vendredi de 10h à 18h alors que généralement les gens travaillent de 9h à 17h, et le samedi après-midi de 12h à 17h.
La variété est plus ou moins au rendez-vous. Il n'y a aucune viande fraîche! Tout est congelé. On trouve par contre des charcuteries en abondance, et autres produits préparés et malbouffe! Il y a quelques choix de fruits et légumes frais, pommes, raisins, fraises ou mures, oranges, bananes, ananas, brocoli, chou-fleur, laitue, tomates, concombres, chou, carottes et autres légumes racines. Les prix sont en général comparables au sud ou un peu plus élevés. 
Il y a toutefois moyen de s'approvisionner autrement... faut juste avoir les bons trucs. Ainsi, on peut faire préparer une commande à une épicerie du sud, Amos ou Chibougamau, et le chauffeur de la clinique passe la prendre lorsqu'il s'y rend pour le rendez-vous médical d'un patient. On a ainsi accès à la variété, la fraîcheur des produits du sud, plus un petit pourcentage facturé pour l'emballage. Je n'ai pas encore profité de ça, je l'ai su trop tard, mais je le ferai certainement lors de mon prochain séjour!
Bien hâte de voir à Whapmagoostui où tout arrive par avion...

mardi 26 novembre 2013

Comment ça marche la santé ici part 2

On a vraiment des super infirmiers/infirmières!! Des gens d'expérience qui exercent un rôle élargi. Des points de suture, à la prescription d'un certains nombres de médicaments (certains antibiotiques, antalgiques (même des opiacés), antiinflammatoires) aux examens de toutes sortes, ce sont vraiment eux qui font la majorité des évaluations/interventions. Nous somme chanceux (ou pas) d'avoir un médecin 3 semaines sur 4 ici... Ou pas parce que... je n'écrirai rien qui pourrait être retenu contre moi!

Bref... quand on n'a pas de médecin sur place, au le besoin les infirmiers font appel à un médecin à Chisasibi, où il y a un hôpital d'une vingtaine de lits, qui peut les conseiller au téléphone. On peut référer le patient à l'extérieur de la communauté pour des examens complémentaires. C'est une autre des raisons qui font que les dossiers sont épais... BEAUCOUP d'examens complémentaires prescrits (inutilement) par notre médecin... avec tous les frais que ça entraîne comme vous le verrez plus bas. Il se déplacera alors par ses propres moyens ou pourra se rendre en avion au besoin. S'il y a urgence, alors on med-évac vers Chibougamau, ou Val-d'Or, ou Montréal selon le besoin. Dans tous les cas, tout cela est coordonné par le Service au Patients Cris, qui prend en charge toutes les dépenses point de vue transport et hébergement du patient et au besoin d'une escorte, ainsi que les transports entre le lieu d'hébergement et l'endroit où se déroulent les soins/examens. On nous renvoie le patient quand il est suffisamment stable pour être à domicile. Au besoin le patient peut résider dans un centre d'amitié du Sud pour la durée d'un épisode de réadaptation trop intensive pour ce qu'on peut desservir en haut ou si les services sont absents de la communauté d'appartenance de la personne.

Les femmes vont systématiquement accoucher à Val-d'Or et s'y rendent un peu avant la date prévue.

lundi 25 novembre 2013

Comment ça marche la santé ici part 1

Ou comment glisser très peu subtilement quelques mots savants de cri!

D'abord la santé selon les Cris c'est le miyupimaatisiiun, qu'on peut définir comme le fait d'être bien dans son environnement, tant physique que social. Ça se reflète dans l'organisation des programmes à la clinique, qui est en fait un espèce de CLSC à vocation élargie.

L'administration du Cree Health Board est centralisée à Chisasibi, à part un bureau de recrutement à Montréal où j'ai passé mon entrevue. Il y a sûrement de bonnes raisons pour cela. Cependant, dans les quelques dernières années, l'organisation a beaucoup grossi, et l'administration suit plus ou moins. Le fait que tout soit centralisé peut ralentir plusieurs processus. Par exemple, chaque fois que je veux voyager (en vacances, ou entre les deux communautés que je couvre) je dois compléter un formulaire d'autorisation de transport, approuvé par mon supérieur immédiat local, envoyé à Chisasibi pour que le transport soit organisé, et ça me revient. Il passe entre les mains de nombreuses personnes et ça prend pas mal de temps! 

Dans chacune des 9 communautés du territoire on trouve minimalement une clinique et un Multi Service Day Center (MSDC). Dans chaque clinique on trouve les programmes awash (enfants 0-9 ans et tout ce qui entoure la grossesse), uschiniichisu (les 9-30 ans, prononcer ouchinitsou), chishaayiyuu (les 30 ans et plus avec problèmes de santé chroniques... HTA, diabète, obésité..., on prononce tchaïyo), les services courants (première ligne, urgence) et les soins à domicile. Il y a aussi la protection de la jeunesse et le National Native Alcohol and Drug Abuse Program qui sont reliés d'assez proche au programme Awash. Le dentiste, l'ophtalmologiste et le pédiatre entre autres viennent faire leur tour régulièrement, ainsi que l'ergothérapeute puisqu'il n'y a pas encore de poste affiché ici, faute de logement. Je suis susceptible de travailler dans n'importe quel programme selon les besoins, comme je suis toute seule.

Les services de réadaptation ont été rapatriés au MSDC quand les cliniques ont manqué d'espace. Un choix d'organisation bien contesté par les professionnels... Entre les branches on entend que c'était pour amener un peu de vie dans ces établissements sous-utilisés. À l'origine, les budgets sont arrivés et il a fallu choisir pour l'ensemble des communautés entre un centre de jour et un centre d'hébergement, le centre de jour l'a emporté... alors qu'en bien des endroits... on ne saura jamais si l'hébergement aurait été mieux. N'importe qui ou presque peut-être admis au centre de jour, que ce soit pour isolement social, pour un problème de santé chronique, pour occuper la journée... Un education monitor et un rehabilitation monitor sont engagés pour organiser et animer des activités, que ce soit des classes d'exercices, des ateliers de cuisine ou d'artisanat, tout ce qui peut se faire en groupe et aussi répondre aux besoins particuliers des participants. Ils sont chapeautés par l'activity team leader et supportés au besoin par les professionnels, nutritionniste, physiothérapeute, ergothérapeute, psychoéducateur. Comme la cuisine du MSDC à Nemaska n'est pas fonctionnelle, la nutritionniste est restée à la clinique et donc je suis toute seule. Nous avons une bonne moyenne de 3 participants par jour.... Autrement dit, c'est mort. Triste. Je n'ai pas le temps de m'ennuyer pour autant comme je vois des clients référés surtout des services courants et du home care. Ils viennent me voir au MSDC.

Assez pour ce soir avant que je vous endorme!!