lundi 25 novembre 2013

Comment ça marche la santé ici part 1

Ou comment glisser très peu subtilement quelques mots savants de cri!

D'abord la santé selon les Cris c'est le miyupimaatisiiun, qu'on peut définir comme le fait d'être bien dans son environnement, tant physique que social. Ça se reflète dans l'organisation des programmes à la clinique, qui est en fait un espèce de CLSC à vocation élargie.

L'administration du Cree Health Board est centralisée à Chisasibi, à part un bureau de recrutement à Montréal où j'ai passé mon entrevue. Il y a sûrement de bonnes raisons pour cela. Cependant, dans les quelques dernières années, l'organisation a beaucoup grossi, et l'administration suit plus ou moins. Le fait que tout soit centralisé peut ralentir plusieurs processus. Par exemple, chaque fois que je veux voyager (en vacances, ou entre les deux communautés que je couvre) je dois compléter un formulaire d'autorisation de transport, approuvé par mon supérieur immédiat local, envoyé à Chisasibi pour que le transport soit organisé, et ça me revient. Il passe entre les mains de nombreuses personnes et ça prend pas mal de temps! 

Dans chacune des 9 communautés du territoire on trouve minimalement une clinique et un Multi Service Day Center (MSDC). Dans chaque clinique on trouve les programmes awash (enfants 0-9 ans et tout ce qui entoure la grossesse), uschiniichisu (les 9-30 ans, prononcer ouchinitsou), chishaayiyuu (les 30 ans et plus avec problèmes de santé chroniques... HTA, diabète, obésité..., on prononce tchaïyo), les services courants (première ligne, urgence) et les soins à domicile. Il y a aussi la protection de la jeunesse et le National Native Alcohol and Drug Abuse Program qui sont reliés d'assez proche au programme Awash. Le dentiste, l'ophtalmologiste et le pédiatre entre autres viennent faire leur tour régulièrement, ainsi que l'ergothérapeute puisqu'il n'y a pas encore de poste affiché ici, faute de logement. Je suis susceptible de travailler dans n'importe quel programme selon les besoins, comme je suis toute seule.

Les services de réadaptation ont été rapatriés au MSDC quand les cliniques ont manqué d'espace. Un choix d'organisation bien contesté par les professionnels... Entre les branches on entend que c'était pour amener un peu de vie dans ces établissements sous-utilisés. À l'origine, les budgets sont arrivés et il a fallu choisir pour l'ensemble des communautés entre un centre de jour et un centre d'hébergement, le centre de jour l'a emporté... alors qu'en bien des endroits... on ne saura jamais si l'hébergement aurait été mieux. N'importe qui ou presque peut-être admis au centre de jour, que ce soit pour isolement social, pour un problème de santé chronique, pour occuper la journée... Un education monitor et un rehabilitation monitor sont engagés pour organiser et animer des activités, que ce soit des classes d'exercices, des ateliers de cuisine ou d'artisanat, tout ce qui peut se faire en groupe et aussi répondre aux besoins particuliers des participants. Ils sont chapeautés par l'activity team leader et supportés au besoin par les professionnels, nutritionniste, physiothérapeute, ergothérapeute, psychoéducateur. Comme la cuisine du MSDC à Nemaska n'est pas fonctionnelle, la nutritionniste est restée à la clinique et donc je suis toute seule. Nous avons une bonne moyenne de 3 participants par jour.... Autrement dit, c'est mort. Triste. Je n'ai pas le temps de m'ennuyer pour autant comme je vois des clients référés surtout des services courants et du home care. Ils viennent me voir au MSDC.

Assez pour ce soir avant que je vous endorme!!

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