lundi 9 août 2010

L'orage qui lave

J'ai écrit ça hier soir en fait mais la pochitude de la connexion internet m'a empêchée de publier.

Vient d'y avoir une bonne tempête. L'air est plus frais, c'est bon. Ça y est, je vais devoir s'abriller pour dormir ce soir. J'ai vraiment peur d'avoir froid au retour au Québec... Après tout on s'habitue aux 35 degrés.

Le week end de trois jours m'a fait un bien immense. Je suis encore bien fatiguée ce soir mais plus sereine. J'hésitais à aller à la plage aujourd'hui... la dernière fois j'avais été déçue de la plage, et j'étais revenue brûlée...

Mais finalement en me levant j'ai décidé d'y aller étant donné que c'est ma dernière occasion de me prélasser au soleil pour le moment, et c'était la meilleure décision de la semaine. C'est vraiment la plus agréable plage que j'ai vue ici. Calme, peu connue et peu fréquentée, sans animation, qui ne coûte presque rien. De grands arbres qui donnent de l'ombre. Des centaines de mètres de galets pour marcher au bord de l'eau turquoise, et un récif de corail où on peut aller en apnée. D'ailleurs y'a pas grand autre activité qui me relaxe autant que ça...

La journée a été  parfaite. Et j'ai décidé que je profiterais de chaque jour jusqu'à mon départ, avec le sourire. Pas question que je reparte amère du pays. Je vais terminer cette mission en beauté dans la bonne humeur.

jeudi 5 août 2010

Les vraies affaires

Ben ouais... le retour des Gonaïves a été plutôt dur sur mon sentiment d'impuissance, mon orgueil aussi, et j'avais un peu eu l'impression d'avoir été abandonnée là-bas à la fin, avec pas de moyens. Le lendemain de la décision de fermer l'antenne, la psychologue, en visite sur la mission pour deux semaines histoire de voir un peu l'atmosphère et l'état des troupes, m'appelait et me fixait rendez-vous pour lundi.

J'ai fini par passer deux heures avec elle lundi matin pour qu'on fasse le tour de la situation et de mon état. La conclusion, j'suis fatiguée, et un peu déprimée aussi. À surveiller donc. Elle m'a aussi bien briefée sur le retour à la maison. Je sais donc à quoi porter attention et quand consulter au besoin si je dois être accompagnée dans mon retour à une vie plus normale. Et repos, repos, repos et digestion des derniers mois...

Lundi je suis allée retrouver mes amis de Delmas 33. On m'a fait la fête quand je suis arrivée!! Ça m'a fait chaud au coeur. Ça a été une journée plutôt calme à l'antenne. Aucune sortie car il y avait des manifestations.

On a eu un gros meeting mardi matin pour essayer de planifier ce que feront les antennes dans les prochains mois, mais c'est difficile d'établir les priorités quand on ne nous dit pas clairement quel sera le cadre dans lequel on interviendra, en terme de durée et de moyens... On dirait un peu que les choses se font à l'envers.

Aussi, on a passé 2 heures à parler exclusivement de la situation aux Gonaïves et je pense que le coordonnateur santé comprend bien maintenant les enjeux et ne nous renverra pas dans la gueule du loup... Y'a beaucoup de choses à organiser avant qu'on puisse réouvrir. Ça devrait se faire dans la semaine du 23 et je serai partie.

Hier et aujourd'hui j'étais à Champ-de-Mars, et j'ai pu renouer avec mon autre gang. La fatigue me rentre dedans, et je me désengage tranquillement du travail aussi. Comme j'ai manqué 1 mois et demi sur Port-au-Prince c'est difficile pour moi de faire les suivis et aussi de planifier.

On dirait aussi que depuis que les choses commencent à être nommées le stress tombe un peu et la fatigue sort. Surtout je me donne le droit d'être fatiguée et d'avoir des limites. L'adrénaline me lâche!! Je prends ça plus cool.

Aujourd'hui a fallu que je me fouette pour sortir. J'aurais pris off.

Je vais pouvoir me reposer plus demain. C'est grève générale je crois... On nous a envoyé faire des provisions au marché puisqu'on n'aura pas le droit de quitter les maisons demain. Et ensuite c'est le week end... J'espère que je pourrai avoir un peu plus d'énergie la semaine prochaine.

samedi 31 juillet 2010

Comme promis

Comme promis!!! voici le cochon emporté par les eaux. Notez au tout début du vidéo à gauche la vague de déchets qui vient tout juste de passer et le niveau d'eau qui monte à vue d'oeil. Habituellement c'est complètement sec dans cette ravine.

vendredi 30 juillet 2010

Les suites...

Bon... et bien lundi c'était un peu la pointe de l'iceberg, où les gouttes ont rempli le vase à raz bord... et il a débordé aujourd'hui.

Tout au long de la semaine j'ai tenté de faire entendre d'abord, et comprendre ensuite au coordo santé que je n'avais pas les moyens ou le support nécessaire pour faire le travail. J'entendais un peu comme message par les gens de l'admin et de la logistique que j'aurais dû savoir que d'aller partir une antenne ça sous-entendait faire de l'administration et de la logistique... et que si j'étais pas capable de le faire fallait envoyer quelqu'un d'autre. C'est pas bon pour mon orgueil ça. J'ai donc compris aujourd'hui qu'on attendait de moi que je porte trois chapeaux, donc, car au travers de tout ça je dois encore être physiothérapeute. À priori je n'ai pas de problème avec ça, en autant qu'on me forme pour le faire. Mais non, c'est tout à l'arrache.

Quand on m'a rechanté le même discours, en me disant que ce qui m'empoisonne la vie aux Gonaïves en fait c'est des broutilles pour Port-au-Prince, et que je ne devrais donc pas m'en faire avec ça, ben le vase a débordé. Et comme par hasard la chef de mission passait par là. Elle m'a écouté, et sur le champ a décidé qu'on fermait l'antenne de Gonaïves, qu'on allait lister tous les problèmes, proposer des solutions et un plan d'action, avec le coordo santé, qui serait retourné à la chef de mission pour approbation, avant qu'on envisage de réouvrir l'antenne là-bas. "Et si quand ils voudront te renvoyer tu considères que ça n'est pas prêt tu m'appelles!"

Donc je suis à Port-au-Prince pour une durée indéterminée. Le temps qu'on règle les questions de logistique, d'administration, de recrutement de personnel, et j'en passe. C'est vraiment peu probable que je retourne aux Gonaïves d'ici la fin de ma mission, mais j'espère que le terrain sera bien préparé pour les suivants. Et si j'ai du temps libre, il y a encore amplement de travail à faire sur les antennes de Port-au-Prince... Mais pas d'administration ou de logistique.

Je rentre au pays le 14 août dans la soirée.

mardi 27 juillet 2010

Ceci est un pétage de coche

Comme ça vous êtes prévenus.





Ça peut devenir drôlement difficile de faire un travail quand on a des exigences et des échéances précises à respecter, qu'on nous promet les moyens de faire ce travail et qu'ils arrivent au compte-gouttes...
Quand la logistique qui devrait supporter notre travail est un obstacle...
Quand on nous rend responsable du non respect des procédures alors que personne ne nous forme à ces dites procédures...

Aujourd'hui ça va mieux, hier c'était pas beau. J'ai hâte de compter les dodos.

dimanche 25 juillet 2010

En attendant

Cet intermède est une présentation de ma connexion internet mauvaise qui ne veut pas que j'upload mon lourd vidéo. C'est partie remise, je devrais être jeudi soir à Port-au-Prince où ça sera mieux j'espère.

Samedi, on a passé un super bel après-midi à l'Haïtienne. C'était la première fois que j'étais invitée, ainsi que mes deux colocs, chez un Haïtien. J'ai visité plein de maisons, mais toujours dans un objectif de travail. Dès mon arrivée aux Gonaïves, Paul André un de nos chauffeurs m'avait parlé de son frère décédé, qui avait une propriété pleine de cocotiers. Il continue à visiter régulièrement la maison. Ses proches ne veulent pas qu'il y habite car c'est trop isolé, mais il nous invitait, Daniel et moi à aller déguster l'eau de coco un après-midi à notre convenance. C'était hier et Claire était aussi de la partie. Jonathan, un ami proche de Paul nous a reçus dans la maison du défunt frère. C'est lui qui s'occupe principalement des lieux maintenant.

Ils ont donc descendu les noix des arbres et les ont arrangées devant nous en gobelets auxquels on pouvait boire directement. Jamais goûté de noix de coco aussi fraîche! C'était bien bon. Mais ce n'était pas tout, car Jonathan fait aussi apiculteur. Et on a aussi pu déguster le miel directement sur le rayon. Un miel foncé et goûteux. Jonathan nous a parlé de ses abeilles paresseuses... la végétation est pauvre en fleurs et la production est médiocre. Il empote cependant à tous les mois ou deux mois et vend le "sirop" ou en fait cadeau à ses amis. Il doit venir nous en vendre à la maison quand il aura pu séparer le miel de la cire. Apparemment il fabrique aussi des bougies. Il a parlé aussi de la difficulté de se procurer l'équipement nécessaire en Haïti... quelqu'un a des contacts au Québec?

Comme je ne peux pas m'en empêcher quand j'ai à proximité des feuilles de palmier, j'ai fait pour Claire une sauterelle. J'avais appris à faire ça à Cuba, lors de mon premier voyage à l'étranger. Les Cubains nous avaient montré. Ils appellent ça des esperanzas, parce que c'est de la couleur de l'espoir. Apparemment ça porte chance. Et Jonathan a voulu apprendre. L'après-midi s'est terminé en séance de tissage collectif!! J'étais bien contente parce que ça permettait un véritable échange avec les gens qui nous recevaient.

Aussi, on a pendu la crémaillère hier soir à la maison. On a reçu quelques personnes d'ACF et de l'Alliance Française, et aussi Paul André qui est venu faire son tour. Bien sympa.

Aujourd'hui, mon unique objectif fut de garder le contrôle sur moi pour ne pas péter une crise contre les moustiques particulièrement agressifs... Sérieux j'en peux pu.

vendredi 23 juillet 2010

Spécial la semaine verte

Juste pour René. Après si vous êtes gentils, je vous mets mon vidéo du cochon qui est emporté par une rivière de boue lors de la grosse pluie de mardi dernier.

Bon. J'ai posé quand même quelques questions et appris plusieurs choses intéressantes sur différents secteurs agricoles ici. D'abord, il y a beaucoup de production maraîchère dans les banlieues des grandes villes. Ainsi, sur les hauteurs de Port-au-Prince, les montagnes sont organisées en plateau et ça donne un paysage fantastique, mais malheureusement je n'ai pas de photo. On descend par camion le fruit de la récolte en ville ou les commerçantes négocient le pris en gros avant de revendre au détail dans la rue, espérant se faire un petit profit.

Dans la région de l'Artibonite, on cultive le riz. Il y a d'immenses plaines inondables au pied des montagnes qui sont parfaites pour ça. Les travailleurs des champs viennent surtout du nord, comme les Mexicains qui viennent chez nous l'été arrivent du sud, pour faire le travail. Les gens de la place obtiennent généralement des emplois de superviseurs. C'est Paul André un des chauffeurs des Gonaïves qui m'a expliqué ça. Sur des kilomètres, le long de la route, on voit les hommes, surtout, qui travaillent penchés à semer de petites pousses, qui arrivent à dos d'âne dans des paniers. Aussi, dans les champs mûrs on les voit s'affairer à la récolte, le sasser, le sécher.

Pour les animaux, ben je n'ai pas encore trop compris comment ils déterminent qu'est-ce qui est à qui. On vend certains animaux vivants au marché, les poules entre autres. Et on entend les coqs partout le matin. On voit régulièrement 2-3 poules qui picorent dans un tas de déchets en ville. Les chèvres sont aussi partout, mais à qui? Ainsi que les cochons, bien qu'en moins grand nombres. Sur la route on doit régulièrement céder le passage à une petite famille, poules, canards, chèvres, cochons... Parfois dans un champ on aperçoit un boeuf, un âne, un cheval, maigres la plupart du temps, parfois attaché à un arbre. Très peu de moutons ici! On m'a dit que la viande de mouton est très peu consommée en raison de différentes croyances. Ils ne savent pas ce qu'ils manquent!!

Mais que rajouter de plus!

dimanche 18 juillet 2010

Maison Gonaïves

Enfin déménagés dans le logement permanent aux Gonaïves!!! Bon pas que c'est entièrement fonctionnel encore... On dépend complètement d'EDH (Électricité d'Haïti) pour l'électricité, si y'a panne de carburant ou intempéries importantes à court terme c'est foutu. On va avoir un générateur fonctionnel sous peu, il nous manque un inverteur je pense, enfin j'y connais rien c'est Daniel qui dit ça. Le voltage de la machine n'est pas compatible avec celui de la maison.

La gazinière n'est pas branchée, problème de raccordement de tuyaux. Faudra que ça soit réglé demain.

On a un frigo électrique qui peut marcher à peu près, tant qu'on a l'électricité quoi!

J'ai une grande chambre à moi toute seule, avec un vrai lit et des vrais draps. Ça c'est bien. Et aussi y'a de grandes fenêtres tout le tour de la maison. On a trois chambres sur un même plancher, avec une grande pièce à l'entrée qui sera éventuellement un bureau. Y'a deux salles de bain et bien sûr une petite cuisine. Les armoires se remplissent tranquillement.

La cour est bétonnée à la grandeur mais y'a quelques îlots avec des arbres à fleurs. Juste pour avoir notre espace à nous et du calme quand on en a besoin ça fait vraiment du bien. Aujourd'hui j'ai pu faire la grasse mat jusqu'à 10h40... du jamais vu ici encore!

Et la semaine on a quelqu'un qui va cuisiner et faire le ménage et la lessive... c'est même pas du luxe avec les horaires qu'on fait.

C'était vraiment bruyant la nuit dernière chez les voisins. J'espère que la semaine ça sera un peu plus calme. Maintenant il pleut pas mal depuis une bonne demi-heure... ça devrait calmer un peu tout le monde.

vendredi 16 juillet 2010

Bilan de semaine

Faute de débuter la prospection à l'extérieur des Gonaïves, on a essayé de mieux établir les liens sur place. Ça a été utile d'être deux expats sur place, j'ai plutôt géré l'aspect administratif de l'antenne alors que Claire voyait au côté clinique. C'est bien de travailler à deux, on met nos idées en commun et Claire a plus d'expérience que moi donc j'en bénéficie!!

On a donc pu aller rencontrer le médecin du meilleur hôpital en ville, vraiment sympathique et ouvert. Il a pris le temps de nous expliquer quelles spécialités sont disponibles, selon quels horaires, et on a pu établir une façon claire de transmettre nos références. Il a un peu peur de la contrefaçon de nos fiches de référence... Par ailleurs, il était heureux de connaître nos services et on lui a remis des fiches de référence vers notre antenne. J'espère qu'on aura des patients en provenance de l'hôpital sous peu, c'est plus encourageant et proche de ce que je connais de travailler avec des gens qui sont en pleine période de récupération.

On a essayé de voir aussi les gens d'Action Contre la Faim, bien établis ici depuis au moins un an. Ils ont pu préciser leur mandat (en partie, y'a une grosse rotation de personnel là et le timing pour les rencontrer était mauvais) du point de vue support psychosocial et malnutrition.

Le médecin responsable de l'hôpital à la sortie de la ville a manqué son rendez-vous avec nous...

On a rencontré le responsable de la secrétairie d'état pour les personnes handicapées. C'est un politicien qui essaye de placer ses jetons... Il semblait insulté qu'on ait débuté du recrutement sans d'abord lui expliquer quel genre de personne on recherche... (nous manque un travailleur communautaire, un technicien de réadaptation, un travailleur social et un travailleur protection sur l'équipe mobile). C'est un peu poche. Au moins je lui ai demandé de m'indiquer où il souhaite qu'on aille prospecter, j'espère que ça lui suffira comme implication, ça et faire le lien avec les associations locales. Faudra user de subtilité.

Au-travers de tout ça faut aussi "coacher" notre nouveau chef d'antenne, premier emploi chez Handicap, pas d'expérience auprès des personnes handicapées, moi je ne sais pas ce qu'est son travail, mais faut que je lui montre... En tous cas. On essaye d'organiser des trucs, il est motivé et assez structuré, et il connaît le terrain. Il voit grand!! Un peu trop déjà maintenant pour la panse de notre pauvre petite antenne... mais bon. Il va s'ajuster. Je devrais éventuellement recevoir sa description de tâche par courriel, ça va m'aider un peu.

On continue de suivre des clients sur l'antenne, 59 sur 4 jours de travail. Y'avait le petit Steeve cet après-midi qui était là... semble bien mal en point. 13 mois, tout maigrichon avec un gros ventre, chaud et la peau sèche, avec un sixième doigt aux quatre membres (ça fait deux personnes que je vois comme ça ici) et un visage aux traits assez particuliers... Doit avoir un syndrome quelconque. Hâte qu'il ait vu un médecin. Faudra revoir le système, lui et sa tante on attendu des heures... Et il pleurait le pauvre chou!! En tous cas. À la fin de mon évaluation, bien courte, il était assis sur la table de thérapie, appuyé sur moi, tout calme. La préoccupation de la famille c'est le retard de développement, je voudrais bien qu'il soit d'abord nourri!!!

La seconde voiture de l'antenne est arrivée aujourd'hui. Hier n'a pas pu venir car il y avait des protestations sur la route de Port-au-Prince aux Gonaïves, le bureau l'a retenue. Sécu avant tout! Z'étaient à peine arrivés aujourd'hui qu'ils faisaient une crevaison, ça fait trois sur cette voiture depuis que je suis ici... ça commence à bien faire!

mardi 13 juillet 2010

Encore du neuf!

Dimanche quand j'ai écris que je partais avec Claire, je ne savais pas encore pourquoi on envoyait deux expats aux Gonaïves. Je pensais que peut-être ma boss avait eu pitié, vu le témoignage de mes colocs qui m'ont vue revenir épuisée et émotive après une semaine. Pas folle ma patronne, bien que j'avais été bien durant mon meeting avec elle, elle a enquêté auprès de mes amis proches pour voir comment j'étais. Ça m'a un peu embêtée sur le moment mais en fait c'est juste parce qu'elle voulait s'assurer que je sois bien.

Le break a fait du bien, ça va mieux, et c'est vraiment bon d'avoir quelqu'un avec moi dans ma lointaine contrée.

Mais ça n'est pas pour travailler moins fort... Je pars à l'aventure et là c'est bien vrai!

En fait on va démarrer une antenne mobile dans la région de Gonaïves. Ma mission, et je l'ai acceptée, est d'aller enquêter dans les municipalités aux alentours (jusqu'à deux heures de route aller) qui ne sont pas encore couvertes pour avoir une idée des besoins. Donc, aller me présenter à la mairie et dans les principaux établissements de santé et leur expliquer ce que fait Handicap International, quels sont leurs besoins, quelle forme de partenariat est possible, et ont-ils une petite place à prêter toutes les semaines ou deux semaines pour qu'on puisse recevoir des bénéficiaires sur place. D'ici la fin de la semaine prochaine je dois avoir produit un horaire hebdomadaire de visites à l'extérieur de Gonaïves pour la prochaine équipe mobile. Pendant ce temps, Claire garde le fort à l'antenne fixe à Gonaïves.

Beaucoup de route et de relation publique en vue...

dimanche 11 juillet 2010

Les bonnes nouvelles du jour

1- L'Espagne à gagné!!
2- Demain c'est congé, ça fera 6 mois le séisme. Des manifestations sont prévues mais je ne sais pas de quel ordre. Dites-moi... Comment ça se passe au Québec? On parle un peu de comment c'est ici?
3- Je repars mardi pour les Gonaïves, mais pas toute seule!! Claire vient avec moi.

L'étrangeté des maux

La semaine dernière, on va voir Frantz. Frantz a début trentaine. Il était chanteur jazz jusqu'à ce qu'une maladie surnaturelle lui vole sa voix et la force de ses jambes ainsi que d'un bras. Il a conservé la capacité d'écrire et suffisamment de mémoire pour avoir une assez juste idée de qui il est et la conscience de son environnement immédiat, pour le reste c'est un peu difficile à déterminer actuellement mais certains signes ne mentent pas... Il a un mauvais contrôle de sa salive bien qu'il aurait la capacité de la garder où elle se trouve normalement. Il peut s'exprimer par sons et a une forte expression non-verbale.

Maladie surnaturelle... Quand la famille me regarde et me demande si je comprends bien, je fais signe que oui et pense à Laferrière, et aussi à Gaby, un traducteur haïtien que j'ai écouté bégayer sur le vaudou un vendredi en fin d'après-midi, pris dans les embouteillages au retour de Carrefour, son père est prêtre et lui-même a étudié la magie noire.

Frantz vit avec plusieurs membres de sa famille au deuxième étage d'une maison qui a connu les ouragans. L'escalier pour y monter est abrupt et effrayant, ça a donné place à la gigue d'un papi sur les marches pour me démontrer que c'est tout de même sécuritaire... Les murs ont été placardés avec toutes les formes de planches imaginables dans un désordre organisé. À l'étage, quelques minuscules pièces encombrées où chaque plancher a son propre niveau. À notre arrivée Frantz était assis en tailleur par terre en haut des marches. Il terminait son repas. On a rédigé l'entrevue initiale avec la famille avant de l'asseoir sur une chaise pour avoir une idée de son équilibre et mieux pouvoir évaluer sa force. Il est parvenu à se lever debout en se tirant sur un cadre de porte, c'était prometteur. Pendant ce temps les enfants grimpés dans l'escalier m'interpelaient, blanc! blanc! et les plus vieux montraient aux plus jeunes du bas des marches l'étrange personnage qui avait investi leur balcon de fortune.

Le temps filait, Prophète est allé chercher un matelas dans la voiture (n'importe quoi pour ne faire qu'un seul aller-retour dans l'escalier). C'est en souriant et en tapant des mains que Frantz a accueilli l'apparition d'un déambulateur qu'on a assemblé devant lui avant qu'il l'essaie, et il a pu faire quelques pas avec supervision et de l'aide pour se retourner. Je pense qu'il arrivera d'ici quelques semaines à se déplacer seul en haut, mais ça ne résout pas le principal problème, l'inaccessibilité du logement...

samedi 10 juillet 2010

Les relations

J'ai eu une demande spéciale pour un billet sur ce thème... Trouvez l'erreur, ça venait d'une psy. ;-)

C'est vrai que tout ce qui se passe ici se produit à une vitesse et à une intensité que j'ai rarement connues. On est constamment en adaptation, et on est un peu aussi pris avec le monde qu'on a autour de nous, donc ça peut difficilement mal fonctionner. On en serait bien malheureux. La chimie dans les maisons est quand même variable selon les endroits. Ça va de on partage l'espace de façon courtoise (et aussi la bière) à on forme une véritable famille, où même parfois papa et maman sont désignés et prennent soin des rejetons. Dans la maison 1, pour parler de celle-là, y'a Papa Pascal, le chargé de formation du PnO, un sympathique Togolais dans la cinquantaine (qui cuisine les dimanches!). Aussi, régulièrement dans la maison il y a eu une femme un peu plus âgée que la moyenne (mais c'est facultatif) avec une aptitude à prendre soin des gens autour d'elle qui l'ont démarquée en tant que maman. Et dans la maison un aussi on trouve plusieurs étudiants techniciens en prothèses et orthèses qui sont significativement plus jeunes que la majorité, ils sont affectueusement désignés sous le nom des enfants. Les entre-deux contribuent à la joie de vivre de la maison et à tempérer un peu tout le monde, les plus vieux comme les plus jeunes, qui manquent parfois un peu de maturité disons le.

Dans la maison 5, on est pas mal tous du même âge (24-32) et même si de nombreuses nationalités sont représentées (3 du Qc, 2 Canadiennes anglophones, 1 Anglaise, 2 Philippines, 1 Australienne, 2 Salvadoriens, 2 Français) on réussit quand même à avoir une vie de maison assez serrée où ça discute fréquemment en 3 langues. Les liens se tissent à une vitesse impressionnante, on partage les bons coups, les bonnes nouvelles et les difficultés au quotidien et je me suis rendue compte en les quittant pour les Gonaïves que c'était drôlement important dans un contexte comme Haïti. Ça nous permet aussi d'avoir une vie en dehors du travail. Toute seule c'est plus difficile. J'étais vraiment contente de retrouver ma gang le week end dernier, même si je les connaissais pour la plupart depuis 3 semaines!!!

Au travail entre les expats, c'est franchement relax, même avec les supérieurs, et même s'ils sont tous français. Y'a des tensions assez régulièrement avec l'équipe de logistique reliées au travail mais on peut aller prendre un verre le soir avec eux sans problème. En fait on peut pas mal s'inviter aux autres maisons quand bon nous semble...

Avec les Haïtiens, c'est variable. Ça dépend de plusieurs facteurs je crois. Je suis devenue très proche d'une chef d'antenne avec laquelle j'ai travaillé deux semaines seulement. C'est drôle parce que c'est la deuxième personne au monde à m'avoir appelée Mélou spontanément... Avec certains membres de l'équipe ça se passe super bien, la collaboration est bonne une fois que la confiance est établie, je peux bien les orienter sur le travail à faire et ils viennent me consulter lorsqu'ils rencontrent des situations difficiles. Au début c'est toujours un peu compliqué... On marche sur des oeufs, on apprend à se connaître, on juge des compétences de part et d'autres... Parfois ça demeure difficile. La formation et le potentiel des techniciens est très variable. Alors je respire... J'essaye de prendre le plus de recul possible et d'agir en coach. Normalement ils doivent apprendre à être plus autonomes. L'objectif final c'est qu'une fois que les projets seront bien implantés on puisse laisser la communauté les gérer seuls.

mercredi 7 juillet 2010

Las vacaciones

Là c'est la pause pendant l'orage après une journée à la playa... et c'est tout un orage. On est en plein milieu, mais à l'hôtel ça va et on peut tout regarder ça du balcon.

Je me suis retrouvée en vacances avec deux joyeuses luronnes. C'était pas planifié mais je pense que toutes les trois on est bien contentes que je sois de la partie. Elles devaient partir toutes les deux au départ. On forme donc un trio franco-australo-québécois. Mon défi de la semaine, devenir complètement ok avec l'accent australien. Kari est la fille de la mission que j'ai le plus de difficulté à comprendre. C'est une fille vraiment cool, qui a besoin de bouger, qui aime rire... Anne-Sophie est plus calme, je pense qu'on se ressemble plus. Elle est plus extrême que moi côté plein air et a ses moments de folie aussi. Ça se passe vraiment bien les trois ensemble jusqu'à maintenant.

On a pris l'avion de Port-au-Prince dimanche matin. On s'est rendues à l'hôtel et l'après-midi a été consacré à la siesta, les filles n'avaient pas dormi dans un lit depuis quelques mois. Ensuite nous sommes allées prendre une grande marche sur le malecon, le boulevard qui longe la mer. On s'est arrêtées pour une crème glacée tellement bonne!! au son de la bachata, musique traditionnelle dominicaine, sur une terrasse. Nous sommes revenues dans la partie coloniale faire un peu de shopping et ça s'est terminé par une bière Presidente, la locale, sur une terrasse encore, avec des mariachis s'il-vous-plaît.

Après la douche nous sommes retournées souper sur la playa Espana dans un restaurant espagnol. On aurait dit un retour en Espagne en fait... Sangria, paella, jamon y queso, même un spectacle de flamenco!!

Le lendemain ressemble à la veille, shopping dans la vieille ville, café glacé et pizza au break et souper dans un bon resto italien pour continuer dans le thème, sur la terrasse tout en haut de la bâtisse.

On a pris le bus hier pour Cabarete, sur la plage au nord de l'île. C'est magnifique. C'est le fun d'avoir plus de vent et de vagues que sur la mer des Caraïbes. On est au paradis du kitesurfing ici, une voile et une planche... Je ne crois pas que je m'y mettrai, ça semble un trop grand effort pour le moment. Les marches sur la plage, la lecture, une baignade de temps en temps, c'est parfait pour moi!!

dimanche 4 juillet 2010

Santo Domingo

On vient d'arriver... J'suis installée dans la cour intérieure de l'hôtel, avec des plantes tropicales autour de moi, un bruit d'eau, les oiseaux, et les femmes de chambre qui font leur travail, tranquillement. Et c'est tout. Aucun tourbillon, pas de cris, la langue espagnole tellement plus douce que le créole, la paix.

jeudi 1 juillet 2010

J'ai hâte

D'ouvrir le robinet pour prendre un verre d'eau... On ne réalise pas la chance qu'on a!
D'avoir de la pression dans ma douche. Vraiment poche laver les cheveux dans un filet d'eau.
De laver mon linge à la machine. Cette semaine c'est tout à la main à l'hôtel.
D'écouter le silence...
De voir mon monde!!!
De pouvoir faire exactement ce que je veux quand je veux.
De boire du lait...
De manger un steak saignant.
De pouvoir prendre une grande marche.
De conduire ma voiture.
Le break va faire du bien.

mercredi 30 juin 2010

Antenne Gonaïves officiellement fonctionnelle!!!

Ça y est! On a reçu nos premiers bénéficiaires lundi matin. En arrivant à 8h il y avait déjà quelques personnes qui attendaient... Et aujourd'hui on a dû retourner du monde, on aurait terminé à 6h. Ils reviennent demain matin. On a vu en tout 17 personnes, ce qui est pas mal, considérant que ce sont toutes des évaluation initiales, plus de paperasse, plus le temps d'évaluation... On est allés en communauté deux fois déjà où on a pu voir quelques bénéficiaires qui ne peuvent se déplacer chez nous. La clientèle est assez différente ici par rapport à Port-au-Prince. (Ça y est, l'orage de la mort qu'on attendait depuis le milieu de l'après-midi débute pour vrai on dirait...) On a beaucoup beaucoup d'AVC, surtout des anciens, et plutôt chez des jeunes adultes.... triste. Aussi plusieurs malformations congénitales, des scolioses jamais traitées et autres difformités. Des amputations aussi. Les deux que j'ai vues méritaient une révision de moignon. J'espère qu'on pourra la faire et ensuite référer pour appareiller éventuellement. Y'a aussi des vieux traumas, qui datent de 5 ou 10 ans, des gens qui n'ont jamais eu de réadaptation et ont gardé des contractures et faiblesses importantes. Pour les contractures c'est perdu d'avance la plupart du temps, mais un peu de renforcement je me dis que ça ne fait pas de tort. Plusieurs enfants et adolescents déficients moteurs cérébraux aussi... Posit en vue! Ça ressemble à ça. Des petits ennuis de santé m'ont gardée près de l'antenne aujourd'hui, j'espère que demain c'est mieux et qu'on peut aller encore en communauté!

dimanche 27 juin 2010

Pourquoi faire simple

J'allais acheter une agrafeuse. D'ailleurs, les Français et Haïtiens sont fous d'appeler ça de même, on dit une brocheuse.

André, mon chauffeur pour la journée, m'amène dans une librairie papeterie. Ça doit bien être la seule chose qu'on ne trouve pas au marché. J'entre là et demande à voir les brocheuses. Un jeune homme me montre ce qu'ils ont et je fais mon choix. Jusque là tout semble complètement ordinaire.

Il produit donc une première facture papier avec l'entête du magasin, et deux autres copies sur une tablette ordinaire et je sors mon argent pour régler. Il me fait très clairement comprendre que ça n'est pas comme ça que ça fonctionne et me montre une dame derrière un comptoir où la partie haute est constituée de barreaux et où un espace est destiné à transmettre l'argent. Je comprends que la caisse est là et je ramasse la brocheuse et la boîte de broches pour m'y rendre, mais il retient le matériel et me laisse seulement la facture officielle et une copie. Je m'approche donc du comptoir avec mes sous sans pouvoir déjà m'empêcher de sourire tant ça me semble absurde.

La dame prend mes sous et les factures et sort ses étampes, d'abord le timbre officiel du magasin et ensuite la mention payé sur chaque copie.

Je retourne à l'autre comptoir avec ma facture payée, on la prend et une troisième personne étampe "livré" sur ma facture et me tend un sac avec mes achats....

Déjà vu un système pareil ailleurs?? J'espère que ça n'est pas une juste représentation de comment les choses fonctionnent dans ce pays.

samedi 26 juin 2010

mélou et Lucky Luke

Le premier feedback que j'ai eu des Gonaïves la semaine dernière c'est Soumaya, la chef de projet, qui me l'a donné. Elle avait parlé à Henri, sur place depuis un ou deux jours. Il lui a dit que c'était le far west.

Je pensais qu'il parlait du débroussaillage qu'on aurait à faire ici. Je ne m'imaginais pas que ça pouvait être l'impression que les lieux physiques produisent. Là je me sens un peu en plein western, je pense qu'éventuellement les Dalton vont sortir du bar du coin... Y'a que la couleur de la peau des personnages qui change, et aussi la quantité de moteurs.

Les Gonaïves, c'est une plaine désertique, entre l'océan et les montagnes. C'est poussiéreux jusqu'à la pluie, ensuite c'est l'inondation et la boue. Les gens doivent souvent vider leur maison au seau. Imaginez en cas d'ouragan...

Les constructions sont en général plus basses et modestes qu'à Port-au-Prince. L'étage de celles qui en ont un s'allonge à l'avant et est supporté par des colonnes. Il reste quelques belles constructions massives qui auraient bien besoin de travaux. On peut quand même imaginer que la ville a été prospère.

Les routes n'en sont pas, ce sont des pistes où on trouve facilement un pied d'eau boueuse après la pluie. Ici les règles de sécurité sont moins strictes que dans la capital, ainsi je peux marcher de jour et j'ai le droit de conduire!!! Henri m'a testée au volant du 4 x 4 hier et m'a donné mon permis.

Je vais essayer de ne pas prendre trop de mauvais plis car on va me détester au retour... Pout pout tasse-toi je passe, tu roules pas je te coupe, pout pout merci! Flash les lumières tu me laisses passer? Et tout ça dans des chemins troués où il n'y a pas de loi.

Je vis pour l'instant à l'hôtel Union des Frères et c'est assez confortable. Enfin une chambre à moi!! Ça fait du bien de me retrouver un peu mais je vais bien vite m'ennuyer. Toutes les pièces utilitaires de l'hôtel sont à l'étage, dont la chambre et le restaurant, donc pas de souci c'est sécuritaire.

L'antenne est aussi très bien située. C'est au Podium des Jeunes, un gros complexe tenu par un personnage important de la ville. Il y tient des matchs de basketball ou différentes cérémonies à la demande. Vendredi il y avait une remise de diplômes sur place. Tout le monde en ville connaît l'endroit et c'est accessible, parfait pour les bénéficiaires. En plus, ça a servi de refuge pour 1000 personnes lors des ouragans en 2008, c'est super sécuritaire.

Le rythme de vie va vraiment être différent ici, je peux partir à 7h45 le matin et serai de retour pour 17b. Je continuerai à travailler un peu le soir pour les communications par mail avec les partenaires à mon rythme.

Je suis seule expat pour le week end, pour la première fois depuis mon arrivée au pays. Mais les employés locaux d'HI pour la logistique et le transport sont super disponibles et je peux faire appel à eux au besoin. Daniel, le français qui s'occupe de la base ici revient lundi.

samedi 19 juin 2010

Ça bouge!!

Déjà plus d'un mois de mission derrière moi... le temps passe bizarrement ici. J'ai l'impression d'être arrivée hier, mais d'avoir tout plein de vécu en accéléré et aussi une nouvelle grande famille ici. Les liens se tissent très rapidement quand on vit et qu'on travaille ensemble dans un contexte pas toujours facile.

Mon séjour à Port-au-Prince s'achèvera plus vite que prévu puisqu'on m'a désignée pour aller aux Gonaïves où on ouvre une nouvelle antenne. HI était déjà installée dans la région pour de la distribution principalement depuis les violents ouragans qui ont ravagé la région jusqu'en 2008. Maintenant c'est le projet santé qui va s'implanter. Mon collègue Henri est déjà allé sur place cette semaine pour trouver le nouvel emplacement et rencontrer les partenaires, je prends le relais dès lundi mais le rejoindrai jeudi pour deux jours de transition. Une antenne loin de Port-au-Prince c'est plus de responsabilités, mais je me sens prête, et je suis contente de pouvoir vivre ça sur une première mission. On n'est que deux expatriés qui travailleront là-bas. Il n'y a pas encore de maison, actuellement ils vivent à l'hôtel.

Je passerai donc une dizaine de jours là-bas, avant de partir en break. J'ai 5 jours plus deux fins de semaine... et un voyage payé jusqu'à Santo-Domingo avec un peu d'argent de poche. Je compte bien utiliser ce temps pour me retrouver un peu, c'est difficile d'avoir de l'intimité quand on vit en communauté. Ça me manque. Je consulte les collègues pour pouvoir choisir un hôtel qui me convienne. Quand je reviendrai il me restera un mois de travail au Gonaïves et retour à la maison.

dimanche 13 juin 2010

2 défis

Hier Dominique nous a rapporté des fleurs à la maison. On a donc plusieurs bouquets dans les pièces communes!!



Et j'ai réussi à prendre une bonne photo d'un oiseau que je n'avais jamais vu avant.

Lire Laferrière à Port-au-Prince

J'ai terminé Tout bouge autour de moi à l'aéroport de Miami. Comme une préparation au monde que j'allais découvrir à Port-au-Prince les jours suivants.

Depuis une semaine maintenant je lis L'Énigme du retour, que ma mère m'a prêté avant que je parte. Et je suis contente de le lire maintenant que j'ai pu sentir le pouls de la ville dans tous ses paradoxes. Je connais les odeurs desquelles il parle, les regards, les bruits et aussi le silence. Parfois ça me fait sourire :
Le klaxon sert à tout. Il remplace parfois le chant du coq. Il secoue le piéton distrait. Il annonce un départ ou une arrivée. Il exprime la joie ou la colère. Il monologue sans cesse dans le trafic. Interdire le klaxon à Port-au-Prince serait de la censure.
 Parfois c'est plus confrontant :

Ils ont construit ces maisons en espérant que leurs enfants qui étudient à l'étranger reviennent prendre en main les affaires familiales. Comme ces derniers refusent de retourner dans un pays plongé dans les ténèbres, ce sont les parents qui se rapprochent d'eux en allant s'installer dans des métropoles où on trouve un musée, un restaurant, une librairie ou un théâtre à chaque coin de rue. L'argent ramassé dans la boue de Port-au-Prince se dépense chez Bocuse ou à la Scala. Les villas sont finalement louées à prix d'or à des cadres des organismes internationaux à but non lucratif pourtant chargées de sortir le pays de la misère et de la surpopulation.
 Ces envoyés des organismes humanitaires arrivent à Port-au-Prince toujours pleins de bonnes intentions. Des missionnaires laïques qui vous regardent droit dans les yeux tout en vous débitant leur programme de charité chrétienne. Ils se répandent dans les médias à propos des changements qu'ils comptent apporter pour soulager la misère des pauvres gens. Le temps de faire un petiti tour des bidonvilles et des ministères pour prendre le pouls de la situation. Ils comprennent si vite les règles du jeu (se faire servir par une nuée de domestiques et glisser dans leur grande poche une partie du budget alloué au projet qu'ils pilotent) qu'on se demande s'ils n'ont pas ça dans le sang - un atavisme de colon. Leur parade quand on leur remet sous le nez le projet initial, c'est qu'Haïti est inapte au changement. Pourtant ils continuent dans la presse internationale à dénoncer la corruption dans ce pays. Tous les journalistes de passage savent bien qu'il faut passer prendre un verre près de leur piscine pour avoir cette information solide venant de gens objectifs et honnêtes - les Haïtiens, on le sait, ne sont pas fiables. Ces journalistes ne se demandent jamais comment il se fait que ces gens vivent dans des villas pareilles quand ils se disent ici pour aider les damnés de la terre à s'en sortir. 

vendredi 11 juin 2010

Histoire de langues

Comme c'était super calme aujourd'hui, pendant un break, j'ai pu discuter avec Marie-Dominique, l'infirmière de l'antenne. Je lui demandais si elle avait des enfants et ça a dérivé sur les écoles ici et la langue...

J'ai compris qu'il y a deux systèmes éducatifs bien distincts ici. Si au Québec on peut penser avoir une éducation de qualité de la maternelle à l'université dans un système public, il semble que ça ne soit pas le cas ici. Les écoles publiques sont selon elle beaucoup moins encadrantes pour les enfants, moins strictes au niveau du programme, ce qui fait que seulement 10 à 15% des enfants peuvent espérer réussir au bac. L'enseignement s'y fait en créole. Dans le système privé, tout est en français. Elle me disait qu'un enfant peut même être mis à la porte si on l'entend parler créole dans la cour de récréation. Elle-même ne parle que français avec sa fille qui a tout juste 5 ans... le créole c'est pour la rue, le français témoigne d'une instruction de qualité. Et socialement il semble vraiment y avoir une discrimination basée sur la langue, qui identifie carrément les riches et les pauvres, car l'école privée, ça coûte cher.

Ça commence déjà à la garderie, qui peut coûter entre 60 et 80$ par mois. Chez nous pour les garderies à 7$ ça fait près de 150$? C'est donc disons le quart de ce qu'on paye, pour des gens qui souhaitaient obtenir un salaire minimum à 5$ par JOUR. Faites le calcul... Seuls les très riches peuvent se permettre ça. Et souvent ce sont aussi les plus pâles...

J'essayais d'expliquer à ma collègue l'importance que prend la défense des droits des francophones au Québec et ailleurs au Canada, comment on tente de protéger la langue maternelle, comme elle appelle le créole. Je ne sais pas quelle importance ça a pour les Haïtiens de garder vivant le créole, dans toutes les classes de la société.

Haïti est football!!

Ça y est, la Coupe du monde débutait aujourd'hui... Partout les partisans qui ont installé le fanion drapeau de leur équipe fétiche sur la voiture (ça vous rappelle pas quelque chose?), on a peint les murs de la ville aux couleurs du Brésil et de l'Argentine, définitivement les chouchous.

J'adore les commentateurs haïtiens, tellement expressifs et émotifs, on se croirait dans le stade. Au Canada on est beaucoup trop calmes!! J'écoute avec le chauffeur le match à la radio quand on est sur la route, c'est en créole et je ne connais pas les joueurs mais j'ai du fun pareil! Quand c'est pas le match, c'est la Waving flag créole qui joue ou bien la Waka Waka de Shakira... au moins 1000 fois par jour.

Juste pour ça, bien que ça ait été encore une journée sous le signe du soleil, on a eu environ la moitié moins de patient, et de grands temps morts durant les deux matchs d'aujourd'hui... J'espère que c'est seulement parce que c'était la première journée.

mardi 8 juin 2010

Encore une histoire touchante

C'est pas dur, il en pleut. Mais ce garçon m'a particulièrement touchée.

La première semaine que j'étais à Delmas 33, on est allés voir un jeune orphelin dans le quartier St-Patrick. Il s'appelle John Kelly et a 11 ans. Il a perdu sa maman dans le séisme et a lui-même subit des blessures importantes à un pied, on a dû l'amputer des deux premiers orteils. Il doit avoir été coincé un moment dans les décombres car il rapporte aussi une hypersensibilité de l'autre côté.

Actuellement il vit dans une toute petite tente, à l'extérieur de la maison de sa tante. Sa "maison" prend l'eau. Et il ne veut pas dormir sous le béton, il a peur. Il passe la plupart de ses journées seul. 

Quand j'ai vu John Kelly la première fois, il était super amaigri. Quand le genou fait un gros renflement sur la jambe, c'est qu'il n'y a plus trop de chair autour des os. Il avait encore des plaies sur le pied droit, en bonne voie de guérison. Il rapportait énormément de douleur au pied et n'avait pas commencé encore à se toucher lui-même du côté amputé. J'ai insisté pour qu'on puisse commencer la désensibilisation. C'était extrêmement difficile pour lui. Il pleurait, de douleur mais aussi de constater l'absence d'un morceau de lui. Ça m'a virée à l'envers. Mais il a réussi, doucement. Et je l'ai encouragé à continuer à le faire tous les jours.

Comme ça fait des mois qu'il ne marche pas, il ne pouvait plus tenir sur ses jambes. Toute sa musculature était très faible. Pas question qu'il fréquente l'école pour le moment non plus...

Je l'ai revu la semaine dernière. Les plaies sont presque guéries, il a super bien fait ses devoirs et parvient à toucher l'ensemble de la cicatrice sans grimacer. Et il marche!!!!!! Son équilibre est mauvais et il a besoin d'un appui mais il a fait des progrès incroyables en une semaine!! C'est vraiment encourageant. On va le référer à un organisme qui peut donner du support aux enfants vulnérables, pour s'assurer qu'il est en sécurité et qu'il peut manger à sa faim. Si la désensibilisation va bien, on pourra le référer bientôt à notre atelier de prothèses et orthèses pour une chaussure adaptée. J'espère que la suite ira comme la dernière semaine.

Malheureusement, je ne le reverrai probablement pas. On n'arrête pas de me promener d'une antenne à l'autre... Présentement je travaille à Champ-de-Mars. Et on m'a dit que je serait peut-être désignée pour aller sur une nouvelle antenne qu'on va ouvrir le 15 juin aux Gonaïves. J'irais une ou deux semaines plus tard. Ça me permettra de voir du pays!

lundi 7 juin 2010

Techno!

Jeudi dernier on a eu une brève formation sur le fauteuil roulant Rough Rider, spécialement conçu pour circuler en terrain difficile.

Comme principales caractéristiques : c'est un fauteuil pliable, avec une inclinaison de 12 degrés. Le dossier est plutôt bas, les appui-pieds conçus pour prendre de la charge, les appui-bras non-amovibles. Les roues arrières sont semblables à des roues avec pneus de vélo de montagne, et les roues avant sont très larges et faites de caoutchouc, ce qui permet de pouvoir franchir facilement des roches. Il est fait d'acier et pèse une quarantaine de livres, mais sa composition le rend facilement réparable à peu près n'importe où. Les appui-pieds sont ajustables en hauteur et on peut aussi choisir l'emplacement des roues arrières. Le coussin est fait de deux épaisseurs de foam, une plus molle sur le dessus et celle du dessous est faite de foams recyclés déchiquetés moulés pour réduire la pression aux zones critiques.

On en aura près d'une centaine à distribuer en priorité aux gens qui peuvent se propulser eux-mêmes, les blessés médullaires vont avoir la vie plus facile avec ce nouveau fauteuil.

Voici le tout en image avec pour modèle Kirsty, ma nouvelle coloc PT anglaise :


samedi 5 juin 2010

Avant/Après

Un petit aperçu de mes maisons.
Maison 4 d'abord, où j'ai été accueillie :


Maison 5 où j'ai emménagé dimanche dernier :


mercredi 2 juin 2010

RIP VivanDieu Lainé

Le patient hémiplégique que j'ai fait transporter à l'hôpital lundi est revenu, en meilleure condition, hier soir au Centre Dadadou, un camp de Delmas 3. Ce matin il était bien, apparemment. C'est ce que nous a dit Madame Jocelyne, la responsable du camp. Pourtant, il est décédé peu après. C'est absurde.

Dieu peut tout

Depuis hier je rencontre des situations
auxquelles je suis peu habituée. Les gens ici sont extrêmement
croyants. Y'a le volet vaudouiste, bien sûr, mais on en entend
peu parler. C'est un peu plus tabou, j'ai l'impression. Dans un passé
pas si lointain, ces pratiques étaient condamnées et
l'église catholique, d'abord parce qu'après à
peu près tout le monde a ajouté son grain de sel à
l'histoire, a tenté de convertir le peuple haïtien. Et ça
a pas mal fonctionné. Dieu tout puissant est partout: sur les
taptaps, dans la rue, dans le discours des gens à tout moment.
Ainsi c'est une bonne journée, grâce à Dieu, je
t'appelle demain, si Dieu veut.

Arrive à l'antenne hier matin
une jeune femme, couchée sur un brancard. Elle a été
transportée chez nous par des membres de sa famille
probablement. Elle a eu une fracture vertébrale lors du
séisme. On l'a opérée et elle est demeurée
paraplégique. Aucun mouvement aux membres inférieurs
après 4 mois... c'est mauvais signe. Les médecins,
comme souvent ici, ne se sont pas vraiment prononcés sur le
pronostic. Ou ont parlé de la possibilité de remarcher,
si Dieu veut. Et comme Dieu peut tout, elle remarchera, c'est
certain, demain ou dans un an importe peu. En attendant, il faut
prier... Et moi là, je suis supposée lui expliquer que
peut-être Dieu ne peut pas tout, peut-être elle ne
remarchera pas, peut-être il faut penser à se
réorganiser, à vivre assise pour un moment, juste au
cas ou Dieu traînerait de la patte un peu. Vraiment ce n'est
pas facile. C'est aller déranger les valeurs les plus
profondes de ces gens-là. J'essaye de leur faire comprendre
que peut-être pour maintenant faut penser qu'avec l'aide de
Dieu ils peuvent s'adapter à la situation actuelle, en
attendant... Mais pour l'instant je ne sais pas jusqu'où porte
le message.

Loin de moi l'idée de banaliser
le fait de se retrouver en fauteuil roulant... vous le savez. Mais à
la maison ça serait plus simple quand même. Plusieurs
milieux sont accessibles, et la dame est secrétaire et fait
donc son travail principalement en position assise. Il y aurait
sûrement des possibilités d'aménager les tâches
en fonction de sa nouvelle condition, la voiture pourrait être
adaptée, elle pourrait redevenir autonome pour pratiquement
tout, avec un peu de temps. Ici... pffffff c'est l'Everest. Les
routes sont affreuses, le transport en commun inaccessible, rares
sont les rampes d'accès, et les personnes avec des handicaps
bien que de plus en plus visibles depuis le 12 janvier étaient
auparavant complètement en marge de la société...

J'espère tout de même la
voir revenir dans quelques semaines avec au moins la volonté
de gagner un peu d'autonomie, assise dans le fauteuil roulant qu'on
lui a attribué hier.

mardi 1 juin 2010

Bonjour spécial

J'ai cru remarquer, en consultant les statistiques de fréquentations de mon blog, une augmentation significative de l'affluence les mardis.... Coïncidence?? Bonjour à tous le monde du CRE!!! Je suis contente que vous me suiviez et je pense souvent à vous. Bonnes rencontres cliniques!! ;-)

dimanche 30 mai 2010

À la mode Haïti

Ça y est, HI a signé pour la location d'une cinquième maison baptisée la Maison 5. (On est original chez HI) Je devais y emménager hier. Pas que je ne suis pas bien dans Maison 4... mais ça sera mieux maison 5. Je prendrai des photos des deux maisons vous allez comprendre. La maison 5 est magnifique, elle a un super jardin avec plein d'endroits ombragés, une grande terrasse, des balançoires et une piscine. Et elle est meublée de lits. Réellement des lits, avec des vrais matelas, pas deux pouces de foam sur le plancher. Et elle est habitée. Elle a une âme.

J'ai été super chanceuse au tirage d'attribution des chambres ce qui fait que j'ai pu choisir la suite royale comme domicile. Que je vais partager bien sûr vu le gigantisme du lit King et des deux pièces qui la compose. On aura notre salle de bain à nous.

On avait rendez-vous hier à 5h30 avec les gens de HI qui gèrent les maisons, et tous ses futurs locataires. On s'est présentées là à l'heure, moi et Esti (Esti est Espagnole et adorable. Mais je m'accroche toujours un peu dans son nom. Ça sonne drôle dans une bouche de Québécoise) de la maison 4. Dominique, de notre maison aussi nous a à rejoint à 6, et le restant de la troupe est arrivé passé 18h30. BRAVO. En plus, Esti et moi on était toutes seules, avec le personnel de la maison qui restera en place. Malaise. Et le propriétaire est venu nous voir. On a comme compris que tout le monde avait été bousculé. La maison était habitée encore ces derniers jours je crois... Le ménage n'était pas fait, personne n'était prêt à nous recevoir. La femme du propriétaire est américaine. Elle est partie à Miami suite au tremblement de terre avec les enfants. Visiblement le mari trouve la situation difficile. Et semble avoir de la difficulté à laisser la maison à des étrangers aussi rapidement... En tous cas. Tout ça a fait que je devais déménager hier mais ça se fera plutôt en fin d'après-midi.

Ah! Et y'a les chats. Deux splendides félins habitent les lieux, et ça semble un problème de les sortir de la maison... J'ai essayé de faire comprendre au propriétaire et aux autres aussi, que si les chats restent là je ne peux pas emménager... Question de santé. Déjà que la qualité de l'air est moche ici... Ça serait vraiment courir après le trouble à court terme. Qui a déjà vu ça? Louer sa maison animaux inclus? J'ai du support dans cette histoire-là. Je ne suis pas la seule allergique.

C'est à suivre... les prochains jours risquent d'être "intéressants". Et aussi sans internet. On l'aura un peu plus tard. J'essaierai d'accéder à cet espace du bureau programmes.

vendredi 28 mai 2010

Le sentiment du devoir accompli...

La semaine a débuté difficilement vu l'absurdité des situations rencontrées, mais elle se termine bien. J'ai l'impression d'avoir servi à quelque chose et d'avoir apporté un changement significatif dans la vie d'au moins 2 personnes en très mauvaise posture...

D'abord un blessé médullaire (paraplégique) qui dormait dans un abri de fortune, sur des cartons. Il avait une infection urinaire et pas d'argent pour payer les médicaments, et il soigne encore une plaie, pas très sérieuse mais quand même. Et le comble, la vermine le visitait la nuit pour goûter ses orteils, qu'il ne sent pas. L'horreur. En plus au courant de la semaine sa sonde a été arrachée pour je sais pas quelle raison... Maintenant il a une tente décente, dort sur un matelas (le bas de gamme des matelas mais un matelas, en attendant un matelas préventif), on lui a donné des vitamines et un coussin de fauteuil roulant et aujourd'hui on l'a amené chez MSF France et il doit voir un urologue mardi prochain. Ouf...

Un homme qui a fait un AVC il y a deux ans semble en avoir gardé une hémiplégie qui le rend dépendant pour toutes les activités... Il avait des difficultés à respirer quand on l'a visité au début de la semaine et vit aussi dans un abri de fortune, couché toute la journée sur des cartons. J'ai vu des plaies aux pieds. Je voulais le faire transporter à l'hôpital, qu'on l'évalue et qu'on le garde quelques jours, histoire que pendant ce temps on installe un abri qui fait plus de sens. J'ai fait les contacts avec un partenaire qui peut transporter des bénéficiaires au besoin, et j'ai parlé au médecin de l'hôpital, deux fois, pour essayer de le convaincre d'au moins l'évaluer plutôt que le laisser mourir sur ses cartons.... C'était vraiment pathétique. Il a accepté, finalement, aujourd'hui. Il se rendra à l'hôpital sûrement lundi. J'espère que le service qui s'occupe des abris pourra très rapidement en monter un pour lui au début de la semaine, mais maintenant j'ai des contacts, ça devrait aller.

Je réussis à garder le moral au-travers de ça... Une chance que je réussis à faire un peu avancer les choses. J'imagine que ça ne sera pas un succès à tous les coups. Mais au moins la semaine se termine sur une bonne note. By the way... je fais de la physio aussi desfois!!

 Et là c'est le week end... On part bientôt dans une autre maison faire la fête et on doit sortir dans un bar branché... le Jet Set.

jeudi 27 mai 2010

À la maison

La petite routine ici a ses particularités, j'essaye de vous expliquer un peu.

L'électricité
Je commence par ça, étant donné qu'y'a pas grandchose qui se passerait sans. On a trois systèmes différents à la maison. Y'a l'électricité de la ville qui fonctionne par période, je n'ai pas détecté vraiment d'horaire particulier... Desfois la nuit ça marche, parfois pas. Y'a des choses que j'ai arrêté d'essayer de comprendre ici. On a un générateur aussi qu'on active quand la ville coupe, et on a un système de batterie qui peut alimenter le minimum. Ça ça veut dire pas de générateur ou d'alimentation de la ville, pas de clim la nuit, l'éclairage minimum et quelques prises électriques qui marchent sur l'ensemble.

La cuisine
On a Claudy qui est là très tôt le matin pour nous ramasser (sic) et préparer le repas du soir 6 jours sur 7. Elle fait aussi une partie des courses pour le déjeuner... des oeufs, du lait, du pain... et nous arrange des fruits et fait des jus frais pressés tous les matins. On mange très bien le soir. On a des légumes en masse, au moins un plat de viande. Elle fait parfois des pâtes gratinées, ou différentes sortes de pâtés. On arrive le soir et c'est sur la table, plus qu'à se servir.

En plus, on achète en commun différentes autres choses dont tout le monde mange, du jambon, des yogourts, les confitures et le Nutella, des pâtes, des fromages. On paye 5 dollars par jour pour le repas du soir et ces achats en plus.

On va assez régulièrement à l'épicerie aussi et chacun peut avec le per diem acheter ce qui lui plaît. On a des armoires pour ranger nos trucs personnels.

Le lavage
Comme on est gâtés pourris en dehors du travail, y'a une lavandière qui s'occupe de tous nos vêtements. On met au fur et à mesure dans un panier de linge sale et ça revient tout propre un ou deux jours plus tard dans une armoire. J'ai pas lavé un morceau encore depuis mon arrivée.

On a aussi deux autres employés à la maison, quelqu'un fait le ménage et s'occupe du jardin, et depuis peu on a aussi un gardien dans la cour le soir et la nuit.

Les douches
Celle que j'utilise en fait c'est un tuyau de douche pas de pomme, à l'eau froide bien sûr, avec une base de douche et pas de rideau. Donc on passe la moppe quand c'est fini. Impossible de ne pas inonder la place. Si la pompe ne marche pas, on n'a pas d'eau.

Les sorties 
Ça se passe toujours en voiture... On a selon les périodes 2 ou 3 véhicules à la maison. Tant qu'il y a des gens sur place, on doit garder une voiture à la maison, question de sécurité. Sinon un peu tout le monde peut faire ce qu'il veut en autant que ça ne condamne pas les plans de la majorité... On n'est pas nécessairement escortés, mais généralement on garde la voiture avec nous ou pas loin et on peut appeler le chauffeur quand on est près à repartir.

mercredi 26 mai 2010

Delmas 33 et Corail

Je travaille à Delmas 33 depuis lundi. Le début de semaine a été un peu difficile. J'ai rencontré mes premières situations qu'on peut qualifier de sordides... Je vous passe les détails. Delmas 33 est une grande antenne située devant l'Hôpital Universitaire de la Paix. On voit ici aussi de nombreux nombreux patients chaque jour, et on part aussi quelques heures dans la communauté visiter les bénéficiaires à la "maison" et les guillemets sont importants... Plus souvent qu'autrement c'est un abris de fortune, une structure de bouts de bois avec des bâches qui prend l'eau... et la vermine.

Quand même y'a des situations cliniques intéressantes et pas trop désespérantes au travers. Ça va du jeune enfant avec retard de développement à la blessure orthopédique causée par le tremblement de terre, à des hémiplégies qui datent de quelques années et n'ont jamais été adressées... Y'en a beaucoup de ces situations.

Delmas 33 est aussi responsable du suivi des bénéficiaires d'un nouveau camp, installé au pied des montagnes à l'extérieur de Port-au-Prince. C'est Corail. On y a déplacé des familles et installé un secteur pour les gens vulnérables et en situation de handicap. Les tentes sont des demi-cylindres assez vastes, globalement les gens que j'y ai vus semblaient installés relativement mieux qu'ailleurs. Et y'a plein d'ONG sur place pour fournir différents services... eau, latrines, école, nourriture aussi je crois et différents Non Food Items (kits d'hygiène, cuisine...). Je penserai à prendre des photos la prochaine fois.

Je m'ajuste un peu à la chaleur, ou vraiment c'était plus frais hier et aujourd'hui. J'en viens à souhaiter un peu d'eau tiède pour la douche!! On a seulement de l'eau froide à la maison, et seulement quand la pompe est en marche.

Si vous avez des questions sur le fonctionnement ou la vie ici lâchez-vous lousse!!


À demain si Dieu veut, comme on dit ici. On dirait vraiment que plus rien n'est sûr pour les Haïtiens...

dimanche 23 mai 2010

Depuis jeudi

Quoi de neuf... Une journée de plus à Carrefour. Henri, le remplaçant chef de projet pour les antennes est venu sur place et a pris quelques photos...

On a un peu pensé qu'on pourrait partir seulement très tard cette journée-là car il y avait des manifs sur notre trajet vers le bureau santé... mais finalement ça a été. J'ai visité aussi l'hôpital de MSF Hollande, Principalement des tentes. Mais ils ont aussi une salle de radiologie et une salle d'op dans une école transformée sur le site, et une autre salle d'opération dans une tente. Les patients ont des lits dans des tentes aussi.

Samedi a été une grosse journée. D'abord formation orthèse-prothèses par les gens de l'atelier P & O (prothèses et orthèses...) qui sont venus nous montrer ce qu'ils peuvent nous offrir comme service et ce qu'ils attendent de nous au niveau du suivi et des références. J'ai appris plein de trucs, étant donné que je ne connais rien aux amputés. C'était super intéressant. Il m'en manque encore des bouts point de vue mobilité pour les amputés membres inférieurs mais l'équipe est super ouverte alors je vais apprendre sur le tas et me faire coacher. On a eu une loooonnnggue discussion ensuite par rapport au travail d'équipe avec les thérapeutes locaux... Comment pouvoir enseigner, faire des suivis et mesurer la progression des patients... Dans certaines antennes c'est complexe. Les techs font à leur mesure des évaluations et on peut voir les patients juste 3 semaines plus tard et ça n'est pas nécessairement les bonnes problématiques qui ont été ciblées... Et jusqu'à maintenant je n'ai pas trouvé l'espace pour pouvoir faire des rencontres d'organisation et installer la collaboration. Faut qu'ils apprennent à me faire confiance aussi... je viens juste de débarquer!

Samedi après-midi on a fait du shopping, d'abord une boutique d'artisanat local où j'ai acheté une sculpture de pierre. Le séisme a teinté l'art local et on peut voir des scènes dans les toiles. Une d'entre elles m'a particulièrement marquée et j'ai pu prendre une photo.
Ça me fait penser à un genre de Guernica, de Picasso. Je ne la mettrais pas dans mon salon, c'est trop sombre, trop dur, mais c'est très expressif je trouve de ce que les gens ont dû vivre au moment même du tremblement de terre.

Après on est allées place St-Pierre où des artistes exposent des toiles sur des murs de pierre dans la rue directement. Tout juste débarquées on a eu plusieurs vendeurs qui se sont garrochés, littéralement, vers nous pour pouvoir nous montrer des toiles. C'était franchement harcelant. J'ai quand même trouvé quelque chose que j'aimais (ou plutôt qui va se retrouver j'espère dans le nouvel appartement de ma soeur!) et j'ai négocié avec le vendeur... Il me restait très peu d'argent cash et il l'a laissée aller au tiers du prix demandé. J'ai discuté après avec quelques artistes, regardé des toiles, et je leur expliquais que je n'avais plus d'argent... L'un d'entre eux m'a trouvée sympathique et m'a offert une toile en cadeau. Les Haïtiens sont comme ça... ils n'ont rien mais te donnent tout.

Et puis en début de soirée, ma coloc de chambre, une Québécoise aussi, a proposé qu'on aille voir un spectacle du Tropicana, qui est le groupe le plus connu d'Haïti. Impossible de refuser!! On s'est rendues au Djumbala. Y'avait 7 blancs pour 500 Haïtiens je pense!!! Et on a fait connaissance avec comment ça marche les spectacles... Annoncé pour 9h, la première partie a débuté à 10h30 et a duré 2 heures. Une chance que c'était bon! On a eu droit à une heure de break après, tests de son, discours, les Haïtiens aiment ça faire des discours! Même un humoriste qui se moquait un peu des projets Cash for Work, selon ce que Dominique a compris... Et le Tropicana a commencé à jouer à 1h30 du matin. On est parties à 2h. Le départ pour la plage était fixé à 8h ce matin... j'suis un peu en dette de sommeil là. C'était super bon la demi-heure qu'on a vue. Y'avait à peu près 20 musiciens sur scène...

Et aujourd'hui plage, la même que l'autre fois. Événement marquant de la journée : sur la route une vache nous bloquait le chemin. Les vaches ont leurs cornes ici. Quand on a essayé de la contourner, ça n'a pas fait son affaire et elle a un peu chargé le minibus... Elle ne nous a pas touché, aucun dommage. Mais y'a quand même ben juste ici que j'aurais pu voir ça!

jeudi 20 mai 2010

Cliniquement parlant

Ça fait deux jours que je vais à Carrefour, le plus gros des camps, et le plus loin des maisons et des bureaux de HI. Je passe probablement près de 4 heures par jour en transport, avec aussi des périodes d'attente entre les déplacements, ce qui fait que finalement on travaille d'environ 10h à 3h45 à l'antenne.On part à 7h le matin, et ce soir on est rentrés à 18h30. Je ne suis pas encore allée dans la communauté à cet endroit. On est une assez grosse équipe, 2 physios (mon collègue Jiovanni est Haïtien et a fait son cours en République-Dominicaine) avec 4 ou 5 autres thérapeutes locaux. On voit près de 60 personnes par jour à l'antenne même.

Les principaux cas rencontrés sont orthopédiques. Plusieurs ont eu des fractures aux membres au moment du séisme, parfois avec fixateur externe qui est habituellement retiré avant qu'on nous les envoie. Les retards de consolidation sont plutôt fréquents, nos bénéficiaires n'ont pas les moyens d'avoir une bonne alimentation et ça cause des problèmes. Y'a quand même aussi pas mal de neuro périphérique, les tissus ayant été déchirés par les débris. Beaucoup de pieds tombants, quelques plexus brachiaux aussi. L'antenne est à côté des tentes de MSF Hollande et encore de très nombreux patients ont des fixateurs externes, j'imagine qu'on les verra arriver bientôt. Aujourd'hui j'ai rencontré un homme dans la cinquantaine, non-voyant depuis quelques années. Il a fait une chute de 25 pieds au moment de sortir des décombres probablement, il devait être plutôt désorienté, et s'en sort avec une fracture complexe du poignet. Chanceux dans sa malchance tout de même!

Ensuite j'ai vu plusieurs amputés, membre supérieur ou inférieur. Je n'en ai traité aucun par contre donc je ne connais pas les détails. On fait un peu de soins de plaies aussi.

Et y'a une quantité assez phénoménale de gens qui arrivent post-AVC. On en aurait noté une augmentation de la fréquence suite au séisme en raison du stress. Certains ont pu être vus précocement et récupèrent... J'ai vu une dame aujourd'hui qui commence à avoir du mouvement au membre supérieur distal. C'est encourageant. Y'a d'autres situations plutôt désolantes... Hier une dame dans la cinquantaine, démunie, qui se présente en raison des suites d'un AVC qui date de 3 ans... Le pronostic est plutôt mauvais, ça prendrait une grande intensité d'interventions pour arriver peut-être à changer quelque chose. Je ne sais pas trop comment aborder la situation si on pense aux priorités, faudra en discuter en équipe.

Avec toute l'équipe HI on a recensé entre dix et quinze blessés médullaires. Certains très anciens. C'est surprenant, ils n'ont pas une très grande espérance de vie ici. Les adaptations visant la prévention sont rares et l'enseignement pour les soins d'élimination semble inexistant... Les risques de plaies sont élevés. Quelques-uns ont été opérés à Miami aussi et commencent à revenir. Comment un BM peut vivre dans une tente? Sans lit? sur un matelas de foam? en fauteuil dans des chemins accidentés, irréguliers??

Y'a les blessés du séisme, et y'a aussi des accidentés de la route, des blessés par balle aussi, la vie étant ce qu'elle est ici. Les gens conduisent en fou!! et la violence dans certains quartiers qui nous sont interdits est bien présente.

Pas de notion encore d'ostéomyélite...

Pour pratiquer votre créole : 

  Une scène typique du matin.

mercredi 19 mai 2010

Go Habs Go!

Première sortie en dehors du cadre de HI hier. On est allées souper dans un resto chic de Pétionville, La Réserve. Un steak, wow!! C'était vraiment bien. Des tables en plein air, avec des terrasses couvertes aménagées, un bel éclairage. Même si on n'est pas parties tard, comme le soleil se couche très tôt ici on mange nécessairement à la nuit tombée. Et c'était plein d'expats de partout, y'avait une table de Québécois pas très loin de nous. Et on diffusait le match du Canadien d'hier... J'avais su pour la défaite de dimanche. Une de plus c'est trop! Vous leur botterez les fesses pour moi!

Les expats

Alors... on est bien près de 70 maintenant en Haïti avec HI. Tous les postes clés sont occupés par des expats, supportés par des gens de la place. C'est comme ça autant au niveau de l'administration, de la logistique, que des programmes en tant que tel. On vient des 5 continents en fait! De ceux dont je connais l'origine, y'a des Français (beaucoup), des Canadiens (du Québec et d'ailleurs), des Américains, des Belges, des Suisses, des Philippins, des Salvadoriens, des Australiens et un Togolais! Et ça c'est ce dont je me souviens. Les âges sont très variés, ça va de début vingtaine à la cinquantaine. Je pense être assez proche de la médiane, probablement moins de la moyenne. 

mardi 18 mai 2010

Première histoire touchante

Déjà un début de défi ici... je sens que ça va être facile d'en avoir plusieurs histoires de ce genre, malheureusement.

On approche lundi après-midi d'un chapiteau érigé au milieu du camp qui fait office d'église. Les Haïtiens sont très croyants et pratiquants, d'ailleurs dimanche en roulant en ville on pouvait voir tout le monde bien mis pour se rendre à la messe. Adossés au chapiteau, un papi, avec deux femmes et une petite fille de 8 ans qui nous sourit et s'agrippe à nos mains. Visiblement, elle a une déficience motrice cérébrale, avec déficience intellectuelle. Elle ne communique pas de façon verbale mais a un visage vraiment expressif et ne semble pas malheureuse du tout. Elle marche quelques pas mais se déplace plus facilement avec de l'aide. Elle est orpheline. Ses deux parents sont probablement morts dans le séisme... Sa tante en prend soin, mais elle voudrait bien retourner travailler, histoire d'avoir un petit revenu et pouvoir assurer leur subsistance. On cherche une école ou une ressource spécialisée qui pourrait prendre soin de la fillette pendant la journée. Les dernières démarches effectuées n'ont pas porté fruit et on doit réactiver le dossier.

Les déplacements

HI a une flotte assez incroyable de 4 x 4, pick up, minibus aussi. Plusieurs sont attribués à chaque maison, avec leurs chauffeurs. Y'a un radio opérateur qui s'occupe de noter les déplacements de tout le monde. On doit donc se signaler à lui, chacun avec notre nom de code, au départ et à l'arrivée, avec le numéro du véhicule utilisé. On est donc suivis à la trace partout où on va. Les chauffeurs sont de la place et connaissent Port-au-Prince comme le fond de leur poche. La culture fait qu'ils sont parfois un peu longs à se mettre en route... Faut ralentir notre rythme aussi, sinon ça entraîne des frictions! On ne va pas les changer...

Pour les déplacements à pied, ben c'est interdit, sauf autour de la maison 3 et entre les maisons 1 et 4 en groupe. On est un peu cloisonnés dans nos maisons, et les expats qui sont ici depuis quelques semaines s'en ressentent et parfois ça fait un peu monter la tension. Pour tout de suite moi ça va...

À pied dans les camps, on n'est jamais seul. On doit toujours être accompagné par au moins un Haïtien membre de l'équipe.

Minorité visible

Fin du briefing hier matin. J'ai rencontré la personne qui s'occupe des RH. J'ai des sous maintenant! Et aussi un coordo au niveau logistique, et la personne responsable de l'approvisionnement des différents points de service et des maisons. Y'a vraiment beaucoup de monde qui s'occupe de l'organisation.


Et début du travail sur le terrain. Finalement je travaillerai en alternance sur les camps de Pétionville Golf, carrément un terrain de golf réaménagé en camp, par nul autre que Sean Penn, qu'avec un peu de chance je croiserai un de ces jours, et Carrefour, le plus gros des camps actuellement. Des dizaines de milliers de personnes dans chacun.

J'ai d'abord rejoint une autre expat à l'antenne (la tente) même de Golf. Elle est située très en hauteur dans le camp qui est dans une forte pente. Ça rend l'accès évidemment difficile aux bénéficiaires, donc on doit souvent descendre donner des services directement chez les gens. J'ai fait rapidement ma première évaluation à l'antenne. On a une bonne collaboration avec un hopital à la sortie du camp opéré par MSF je crois donc on peut référer facilement au besoin.

Chaque antenne a un responsable local qui a une formation psychosociale et est responsable de la gestion de l'équipement, des dossiers... On a une fiche pour chaque bénéficiaire avec une évaluation assez détaillée de la situation psychosociale de la personne, ses besoins en terme d'abri et autre équipement, et une évaluation plus sommaire de la situation physique, des problématiques, des traitements reçus. On peut faire une note d'évolution à chaque traitement et donner des rendez-vous pour faire le suivi. Y'a aussi un animateur chargé de faire patienter les gens qui attendent les services. Il les fait chanter, organise diverses activités artistiques, invite les gens aussi à s'exprimer sur leur vécu. Y'a des groupes de discussion aussi organisés spécifiquement pour ceux qui vivent le plus de symptômes de stress.

En après-midi, je suis descendue avec Mario (le responsable de l'antenne) dans le camp, faire du recrutement pour une clinique ORL qui aura lieu ce mercredi matin. . On prend les coordonnées de la personne et la raison de consultation en gros. Et on les invite à monter mercredi à l'antenne. En fait il fait le gros du travail à ce niveau étant donné que ça se passe en créole. Le rôle des expats en est un de support et d'enseignement. Faire l'évaluation de la situation au niveau physique, déterminer l'orientation et recommander le plan de traitement aux techniciens locaux qui appliquent les recommandations, et font office de traducteurs durant les rencontres. Mais j'ai quand même donné mon premier traitement dans le camp en après-midi auprès d'une blessée orthopédique qui récupère bien.

En circulant, partout les enfants que je croise s'exclament ''blanc! blanc!''. Ils sont super attachants. À notre premier stop, pendant que Mario notait les besoins des gens, ça a pas pris 30 secondes que j'avais trois fillettes entre 3 et 5 ans accrochées à mes jambes. Elles répétaient ce que je disais sans comprendre et en faisaient des chansons, ça sautait à la corde, dansait. Elles ne voulaient plus me laisser partir quand on a dû s'en aller quelques minutes après.

Je pense que je vais aimer ça. On ne peut pas faire beaucoup pour chacun mais ça fera vraiment une différence sur leur fonctionnement au bout du compte. Je n'ai pas eu le choc que j'anticipais en entrant dans le camp. Le plus dur c'est la chaleur. Sous la tente il doit faire plus de 40 degrés.

Ce soir c'est fête. Y'a un party à la maison 1 pour le départ d'un expat. Et demain c'est la fête du drapeau pour les Haïtiens. C'est congé férié. Les employés locaux de HI sont presques tous en congé. On prévoit encore des manifestations. Ça a bougé pas mal aujourd'hui et y'a eu quelques incidents mais je travaille loin de là donc je n'en ai même pas eu connaissance.

Des images du camp Golf vu de la tente HI, avec la mer jamais bien loin, et la descente vers l'entrée du camp.

En acclimatation

On n'a pas d'internet depuis 3 jours à la maison maintenant. Personne ne semble savoir pourquoi, ni s'occuper du problème. On va squater la maison 1, à 2 minutes à pieds de chez nous pour avoir accès. Je prends de l'avance à l'écriture, en attendant de pouvoir publier.

J'ai eu une journée de briefing samedi qui m'a permis de voir quelques-unes des maisons d'HI. On est vraiment très bien logés, c'est presque gênant. En même temps, j'me dis que ça contribue à notre efficacité sur le terrain si on peut bien récupérer.

Dimanche c'était journée de plage. Près de 2 heures de minibus d'abord pour traverser Port-au-Prince, vers le nord. Ensuite sur une route qui longe la côte, entre mer et montagne. Les paysages sont impressionnants. Le pays, vraiment, est magnifique et devrait mériter d'être visité. Bien sûr la pauvreté est importante et partout. Y'a littéralement des rivières de déchets en ville, les véhicules sont super polluants aussi. Mais je trouve du charme aux petits commerces à tous les coins de rue. On peut trouver  autant des fruits frais, qu'un coca-cola (bien) froid, ou de l'artisanat local.

La plage où on est allés est en fait un club privé, fréquenté par les expats de plein d'ONG sur place actuellement et aussi par des Haïtiens ayant des moyens. J'ai fait connaissance avec l'indigo, je crois. On était installés sous un arbre dont la sève tache la peau et tout le reste de violet. Et c'est coriace. J'en ai encore sur un bras et sous les pieds.

Dans la catégorie métier dangereux, au retour. À flan de montagne, dans une section vraisemblablement exploitée comme carrière, 75 m en hauteur, un homme noir qu'on distingue bien sur la paroi calcaire, détache des pierres à coup de pic.

Sur la route en se rendant... l'air est très lourd.

Un des nombreux contrastes de la place.

lundi 17 mai 2010

Je vais bien

Je ne sais pas trop ce que vous entendez et voyez dans les médias, ça a brassé un peu ici, et y'a d'autres manifs prévues demain. Je suis en sécurité. Si y'a des risques, on ne va tout simplement pas travailler et on reste à la maison, qui est murée tout le tour avec aussi un gardien armé, dans un quartier tranquille. Donc, ne vous inquiétez pas!!!

On n'a plus le net à la maison, donc je ne peux pas publier ici comme je voudrais, mais j'écris et fais des réserves pour quand j'aurai un meilleur accès.

vendredi 14 mai 2010

Premières impressions

J'ai l'impression que je pourrais écrire 200 pages avec juste la première heure tellement tout est différent, tout me frappe, me fascine. J'ai eu peu de contacts avec des Haïtiens aujourd'hui donc je ne peux pas tellement m'imprégner de leur réalité et y réagir. Ça viendra probablement.

Haïti lorsqu'on l'approche pour l'atterrissage est magnifique. C'est un terrain très montagneux, de vieilles montagnes vertes plissées. La partie nord de l'île semblait plus sèche et déforestée, mais près de la capitale la végétation semble abondante. J'étais sous le charme de ce paysage de bord de mer donc, jusqu'à ce que j'aperçoive des étendues de terrain plus ou moins grandes et denses parsemées de taches bleues. Les bâches des abris temporaires. Les camps. Je suis revenue assez rapidement à la réalité et à ce que je viens faire ici.

Des gens de l'organisation m'attendaient à la sortie de l'aéroport, et on s'est payés une sacré ballade jusqu'au bureau de coordination, et ensuite jusqu'à la maison 4, mon nouveau chez moi. Pas question que j'envisage de conduire ici.... Trop fou. Suis même pas sûre qu'on a le droit. D'abord c'est très technique, étant donné la qualité des chemins. Pas de 4 x 4 tu vas pas partout c'est certain. Ensuite le seul code qui semble tenir c'est je klaxonne, pousse-toi.

En ville y'a des camps installés un peu partout, partout où y'a de la place. Y'a encore des tas de gravats où on devine l'existence de maisons détruites par le séisme. Mais ça a l'air tellement lointain dans le temps, la ville est très vivante, et 4 mois c'est suffisant pour que des mauvaises herbes commencent à envahir les ruines.

Je vis dans une grande maison, avec cour toute murée et gardée. Je serai coloc ce soir avec une Québécoise qui doit changer de maison demain. Ensuite, sais pas. On a l'air clim dans la chambre!!! Tout le monde a l'air bien sympa. Y'a 2 manguiers dans la cour, et des bougainvilliers, et des cocotiers.....

J'aurai le temps de m'acclimater avant de débuter le travail. J'ai un briefing de 2 jours, demain et lundi. Dimanche c'est congé, et mardi c'est un férié ici. Je devrais commencer le travail mercredi et en savoir beaucoup plus sur ce qui m'attend d'ici là.

En transit

Le dernier 24 heures a été assez intense merci... Une chance que j'ai eu l'aide de ma mère mercredi pour avancer le déménagement et le ménage... Je n'y serais pas arrivée toute seule, et ça a été tellement plus agréable surtout!!

Je suis arrivée à Montréal 4 heures plus tard que je croyais, la nuit a été très très courte. Petits ennuis aux douanes, j'ai été sélectionnée pour une fouille de bagages... Prolongement de l'attente, et course jusqu'à la porte d'embarquement. Quand on entend son nom au haut-parleur avec la mention on ferme dans 1 minute, ça motive. C'était même pas ma faute en plus.Une fois assise dans mon siège j'ai pu relaxer et j'ai réussi à dormir pas mal sur le premier vol donc je rattrape un peu de sommeil. Un bon café Starbucks devrait m'aider à me requinquer tout à fait et je devrais être réveillée à mon arrivée à Port-au-Prince, dans environ 4 heures.

J'ai clarifié la question décalage... Haïti et le Québec c'est le même fuseau horaire, mais les Haïtiens n'avancent pas l'heure pour l'été, donc il est une heure plus tôt sur Port-au-Prince.

Je suis en transit à Miami, dans le plus grand aéroport que j'ai vu à date. On peut certainement y marcher plusieurs kilomètres. Bon peut-être que Charles-de-Gaulle s'en rapprochait un peu... Ça remonte à un bout de temps, je ne me souviens pas bien. Je retourne tuer le temps autrement...

mardi 11 mai 2010

Les défis

Voilà! Départ officiellement fixé à vendredi matin 0615 comme on écrit sur les billets électroniques... Je pars pour Port-au-Prince via Miami. J'arriverai en milieu d'après-midi en Haïti.

On a eu un super souper de la famille élargie samedi dernier. Et pour perpétrer une tradition de la famille plus proche, j'ai demandé aux gens présents de me donner des défis pour les mois qui s'en viennent. Si vous voulez en ajouter dans les commentaires ça serait chouette, bien que la liste soit déjà bien garnie. Ça peut vraiment aller dans tous les sens, soyez créatifs. Je retranscris tel quel ceux que j'ai déjà :

- Trouver le nom des 5 plus belles plages et les visiter si possible.
- Garder le sourire.
- Put both feet in the ocean and enjoy yourself, à tous les jours je doute que ça se fera, mais aussi souvent que possible!
- Me procurer des fleurs, si possible des oiseaux du paradis et en faire des bouquets à plusieurs reprises, noter les circonstances et les bonheurs que ça me donnera.
- Dire les sortes de fleurs que la cour de mon logement contiendra.
- Apprendre une chanson folklorique en créole.
- Apprendre un rituel vaudou ou prendre des photos d'oiseaux exotiques.
- Un poème créole, avec un paysage qui correspond.
- Récolter au moins 3 dessins ou petits mots de la part d'un Haïtien.
- Soigner plus de 70 personnes.
- Rapporter le plus gros coquillage que je trouverai à la plage.
- Prendre en photo le plus bel endroit que je trouverai avec le premier passant que je verrai.
- Me renseigner sur l'agriculture en Haïti.
- Trouver une recette et la partager.
- Raconter l'expérience la plus touchante de mon travail.
- Participer à une cérémonie vaudou.

jeudi 6 mai 2010

Ça se précise

Les jours passent et j'en apprends un peu plus. Handicap International semble une machine très bien huilée avec des procédures très claires. Jusqu'à maintenant j'ai parlé à 2 personnes, en plus de communiquer par mail avec 2 autres, et tous sont très très aidants, disponibles et les contacts sont agréables. Ça augure bien pour quand je serai là-bas.

Je partirai donc quelque part entre les 14 et 16 mai prochains pour Port-au-Prince. Je devrais rester là dans une maison en colocation assez étroite... Il y a une quinzaine de personnes qui vivent dans chacune des 4 maisons de l'organisation de la capitale, à 3-4 par chambre, en plus des tentes dans la cour arrière. 2 à 3 locaux sont engagés pour assurer la confection des repas, l'entretien de la maison, le lavage... pour qu'on puisse se consacrer à ce pourquoi on se trouve sur place, le travail, et le repos quand on ne travaille pas. Les expats payent pour la nourriture avec le per diem.

Je me demande encore un peu ce que je vais faire... HI a plusieurs sections au volet santé de ses activités en Haïti. Une première partie se déroule dans les hôpitaux, soins directs aux blessés, et aussi enseignement au personnel haïtien des soins de base en réadap. Ensuite il y a un volet plus communautaire avec différents points de service pour les blessés qui auraient quitté l'hôpital et qui sont retournés dans leur famille, ou dans les camps, ou qui ont quitté la ville et sont partis vers la campagne. Et y'a le volet orthèses-prothèses pour appareiller les amputés des membres inférieurs avec des prothèses pour le moment temporaires qui seront au fil du temps remplacées par des prothèses définitives. Je figure que je me retrouverai soit dans les hôpitaux ou dans le communautaire, étant donné que je n'ai aucune connaissances en appareillage... Mais bon. Tout s'apprend. Quand je leur demande où je m'en vais j'ai un peu l'impression qu'eux ne savent pas précisément encore non plus... On verra sur place. Ça ça ne me stresse pas du tout.

Les communications se sont assez bien rétablies au pays, si bien que j'aurai mon premier téléphone portable à vie, gracieuseté de HI, question de sécurité, que les gens de l'organisation puissent me rejoindre en tout temps, et aussi question d'organisation. Et ça rassure les mamans!

J'apporte aussi mon portable puisque on a accès au wifi de la maison. Je devrais donc pouvoir alimenter mon blog assez régulièrement, fonction de mon humeur et de mon énergie.

Question logistique, il me manque juste les papiers médicaux qui disent que je suis fit pour partir et quelques vaccins... ça va se faire la semaine prochaine.

8 à 10 dodos donc avant le départ... je n'ai jamais débuté un si court décompte du genre!