dimanche 30 mai 2010

À la mode Haïti

Ça y est, HI a signé pour la location d'une cinquième maison baptisée la Maison 5. (On est original chez HI) Je devais y emménager hier. Pas que je ne suis pas bien dans Maison 4... mais ça sera mieux maison 5. Je prendrai des photos des deux maisons vous allez comprendre. La maison 5 est magnifique, elle a un super jardin avec plein d'endroits ombragés, une grande terrasse, des balançoires et une piscine. Et elle est meublée de lits. Réellement des lits, avec des vrais matelas, pas deux pouces de foam sur le plancher. Et elle est habitée. Elle a une âme.

J'ai été super chanceuse au tirage d'attribution des chambres ce qui fait que j'ai pu choisir la suite royale comme domicile. Que je vais partager bien sûr vu le gigantisme du lit King et des deux pièces qui la compose. On aura notre salle de bain à nous.

On avait rendez-vous hier à 5h30 avec les gens de HI qui gèrent les maisons, et tous ses futurs locataires. On s'est présentées là à l'heure, moi et Esti (Esti est Espagnole et adorable. Mais je m'accroche toujours un peu dans son nom. Ça sonne drôle dans une bouche de Québécoise) de la maison 4. Dominique, de notre maison aussi nous a à rejoint à 6, et le restant de la troupe est arrivé passé 18h30. BRAVO. En plus, Esti et moi on était toutes seules, avec le personnel de la maison qui restera en place. Malaise. Et le propriétaire est venu nous voir. On a comme compris que tout le monde avait été bousculé. La maison était habitée encore ces derniers jours je crois... Le ménage n'était pas fait, personne n'était prêt à nous recevoir. La femme du propriétaire est américaine. Elle est partie à Miami suite au tremblement de terre avec les enfants. Visiblement le mari trouve la situation difficile. Et semble avoir de la difficulté à laisser la maison à des étrangers aussi rapidement... En tous cas. Tout ça a fait que je devais déménager hier mais ça se fera plutôt en fin d'après-midi.

Ah! Et y'a les chats. Deux splendides félins habitent les lieux, et ça semble un problème de les sortir de la maison... J'ai essayé de faire comprendre au propriétaire et aux autres aussi, que si les chats restent là je ne peux pas emménager... Question de santé. Déjà que la qualité de l'air est moche ici... Ça serait vraiment courir après le trouble à court terme. Qui a déjà vu ça? Louer sa maison animaux inclus? J'ai du support dans cette histoire-là. Je ne suis pas la seule allergique.

C'est à suivre... les prochains jours risquent d'être "intéressants". Et aussi sans internet. On l'aura un peu plus tard. J'essaierai d'accéder à cet espace du bureau programmes.

vendredi 28 mai 2010

Le sentiment du devoir accompli...

La semaine a débuté difficilement vu l'absurdité des situations rencontrées, mais elle se termine bien. J'ai l'impression d'avoir servi à quelque chose et d'avoir apporté un changement significatif dans la vie d'au moins 2 personnes en très mauvaise posture...

D'abord un blessé médullaire (paraplégique) qui dormait dans un abri de fortune, sur des cartons. Il avait une infection urinaire et pas d'argent pour payer les médicaments, et il soigne encore une plaie, pas très sérieuse mais quand même. Et le comble, la vermine le visitait la nuit pour goûter ses orteils, qu'il ne sent pas. L'horreur. En plus au courant de la semaine sa sonde a été arrachée pour je sais pas quelle raison... Maintenant il a une tente décente, dort sur un matelas (le bas de gamme des matelas mais un matelas, en attendant un matelas préventif), on lui a donné des vitamines et un coussin de fauteuil roulant et aujourd'hui on l'a amené chez MSF France et il doit voir un urologue mardi prochain. Ouf...

Un homme qui a fait un AVC il y a deux ans semble en avoir gardé une hémiplégie qui le rend dépendant pour toutes les activités... Il avait des difficultés à respirer quand on l'a visité au début de la semaine et vit aussi dans un abri de fortune, couché toute la journée sur des cartons. J'ai vu des plaies aux pieds. Je voulais le faire transporter à l'hôpital, qu'on l'évalue et qu'on le garde quelques jours, histoire que pendant ce temps on installe un abri qui fait plus de sens. J'ai fait les contacts avec un partenaire qui peut transporter des bénéficiaires au besoin, et j'ai parlé au médecin de l'hôpital, deux fois, pour essayer de le convaincre d'au moins l'évaluer plutôt que le laisser mourir sur ses cartons.... C'était vraiment pathétique. Il a accepté, finalement, aujourd'hui. Il se rendra à l'hôpital sûrement lundi. J'espère que le service qui s'occupe des abris pourra très rapidement en monter un pour lui au début de la semaine, mais maintenant j'ai des contacts, ça devrait aller.

Je réussis à garder le moral au-travers de ça... Une chance que je réussis à faire un peu avancer les choses. J'imagine que ça ne sera pas un succès à tous les coups. Mais au moins la semaine se termine sur une bonne note. By the way... je fais de la physio aussi desfois!!

 Et là c'est le week end... On part bientôt dans une autre maison faire la fête et on doit sortir dans un bar branché... le Jet Set.

jeudi 27 mai 2010

À la maison

La petite routine ici a ses particularités, j'essaye de vous expliquer un peu.

L'électricité
Je commence par ça, étant donné qu'y'a pas grandchose qui se passerait sans. On a trois systèmes différents à la maison. Y'a l'électricité de la ville qui fonctionne par période, je n'ai pas détecté vraiment d'horaire particulier... Desfois la nuit ça marche, parfois pas. Y'a des choses que j'ai arrêté d'essayer de comprendre ici. On a un générateur aussi qu'on active quand la ville coupe, et on a un système de batterie qui peut alimenter le minimum. Ça ça veut dire pas de générateur ou d'alimentation de la ville, pas de clim la nuit, l'éclairage minimum et quelques prises électriques qui marchent sur l'ensemble.

La cuisine
On a Claudy qui est là très tôt le matin pour nous ramasser (sic) et préparer le repas du soir 6 jours sur 7. Elle fait aussi une partie des courses pour le déjeuner... des oeufs, du lait, du pain... et nous arrange des fruits et fait des jus frais pressés tous les matins. On mange très bien le soir. On a des légumes en masse, au moins un plat de viande. Elle fait parfois des pâtes gratinées, ou différentes sortes de pâtés. On arrive le soir et c'est sur la table, plus qu'à se servir.

En plus, on achète en commun différentes autres choses dont tout le monde mange, du jambon, des yogourts, les confitures et le Nutella, des pâtes, des fromages. On paye 5 dollars par jour pour le repas du soir et ces achats en plus.

On va assez régulièrement à l'épicerie aussi et chacun peut avec le per diem acheter ce qui lui plaît. On a des armoires pour ranger nos trucs personnels.

Le lavage
Comme on est gâtés pourris en dehors du travail, y'a une lavandière qui s'occupe de tous nos vêtements. On met au fur et à mesure dans un panier de linge sale et ça revient tout propre un ou deux jours plus tard dans une armoire. J'ai pas lavé un morceau encore depuis mon arrivée.

On a aussi deux autres employés à la maison, quelqu'un fait le ménage et s'occupe du jardin, et depuis peu on a aussi un gardien dans la cour le soir et la nuit.

Les douches
Celle que j'utilise en fait c'est un tuyau de douche pas de pomme, à l'eau froide bien sûr, avec une base de douche et pas de rideau. Donc on passe la moppe quand c'est fini. Impossible de ne pas inonder la place. Si la pompe ne marche pas, on n'a pas d'eau.

Les sorties 
Ça se passe toujours en voiture... On a selon les périodes 2 ou 3 véhicules à la maison. Tant qu'il y a des gens sur place, on doit garder une voiture à la maison, question de sécurité. Sinon un peu tout le monde peut faire ce qu'il veut en autant que ça ne condamne pas les plans de la majorité... On n'est pas nécessairement escortés, mais généralement on garde la voiture avec nous ou pas loin et on peut appeler le chauffeur quand on est près à repartir.

mercredi 26 mai 2010

Delmas 33 et Corail

Je travaille à Delmas 33 depuis lundi. Le début de semaine a été un peu difficile. J'ai rencontré mes premières situations qu'on peut qualifier de sordides... Je vous passe les détails. Delmas 33 est une grande antenne située devant l'Hôpital Universitaire de la Paix. On voit ici aussi de nombreux nombreux patients chaque jour, et on part aussi quelques heures dans la communauté visiter les bénéficiaires à la "maison" et les guillemets sont importants... Plus souvent qu'autrement c'est un abris de fortune, une structure de bouts de bois avec des bâches qui prend l'eau... et la vermine.

Quand même y'a des situations cliniques intéressantes et pas trop désespérantes au travers. Ça va du jeune enfant avec retard de développement à la blessure orthopédique causée par le tremblement de terre, à des hémiplégies qui datent de quelques années et n'ont jamais été adressées... Y'en a beaucoup de ces situations.

Delmas 33 est aussi responsable du suivi des bénéficiaires d'un nouveau camp, installé au pied des montagnes à l'extérieur de Port-au-Prince. C'est Corail. On y a déplacé des familles et installé un secteur pour les gens vulnérables et en situation de handicap. Les tentes sont des demi-cylindres assez vastes, globalement les gens que j'y ai vus semblaient installés relativement mieux qu'ailleurs. Et y'a plein d'ONG sur place pour fournir différents services... eau, latrines, école, nourriture aussi je crois et différents Non Food Items (kits d'hygiène, cuisine...). Je penserai à prendre des photos la prochaine fois.

Je m'ajuste un peu à la chaleur, ou vraiment c'était plus frais hier et aujourd'hui. J'en viens à souhaiter un peu d'eau tiède pour la douche!! On a seulement de l'eau froide à la maison, et seulement quand la pompe est en marche.

Si vous avez des questions sur le fonctionnement ou la vie ici lâchez-vous lousse!!


À demain si Dieu veut, comme on dit ici. On dirait vraiment que plus rien n'est sûr pour les Haïtiens...

dimanche 23 mai 2010

Depuis jeudi

Quoi de neuf... Une journée de plus à Carrefour. Henri, le remplaçant chef de projet pour les antennes est venu sur place et a pris quelques photos...

On a un peu pensé qu'on pourrait partir seulement très tard cette journée-là car il y avait des manifs sur notre trajet vers le bureau santé... mais finalement ça a été. J'ai visité aussi l'hôpital de MSF Hollande, Principalement des tentes. Mais ils ont aussi une salle de radiologie et une salle d'op dans une école transformée sur le site, et une autre salle d'opération dans une tente. Les patients ont des lits dans des tentes aussi.

Samedi a été une grosse journée. D'abord formation orthèse-prothèses par les gens de l'atelier P & O (prothèses et orthèses...) qui sont venus nous montrer ce qu'ils peuvent nous offrir comme service et ce qu'ils attendent de nous au niveau du suivi et des références. J'ai appris plein de trucs, étant donné que je ne connais rien aux amputés. C'était super intéressant. Il m'en manque encore des bouts point de vue mobilité pour les amputés membres inférieurs mais l'équipe est super ouverte alors je vais apprendre sur le tas et me faire coacher. On a eu une loooonnnggue discussion ensuite par rapport au travail d'équipe avec les thérapeutes locaux... Comment pouvoir enseigner, faire des suivis et mesurer la progression des patients... Dans certaines antennes c'est complexe. Les techs font à leur mesure des évaluations et on peut voir les patients juste 3 semaines plus tard et ça n'est pas nécessairement les bonnes problématiques qui ont été ciblées... Et jusqu'à maintenant je n'ai pas trouvé l'espace pour pouvoir faire des rencontres d'organisation et installer la collaboration. Faut qu'ils apprennent à me faire confiance aussi... je viens juste de débarquer!

Samedi après-midi on a fait du shopping, d'abord une boutique d'artisanat local où j'ai acheté une sculpture de pierre. Le séisme a teinté l'art local et on peut voir des scènes dans les toiles. Une d'entre elles m'a particulièrement marquée et j'ai pu prendre une photo.
Ça me fait penser à un genre de Guernica, de Picasso. Je ne la mettrais pas dans mon salon, c'est trop sombre, trop dur, mais c'est très expressif je trouve de ce que les gens ont dû vivre au moment même du tremblement de terre.

Après on est allées place St-Pierre où des artistes exposent des toiles sur des murs de pierre dans la rue directement. Tout juste débarquées on a eu plusieurs vendeurs qui se sont garrochés, littéralement, vers nous pour pouvoir nous montrer des toiles. C'était franchement harcelant. J'ai quand même trouvé quelque chose que j'aimais (ou plutôt qui va se retrouver j'espère dans le nouvel appartement de ma soeur!) et j'ai négocié avec le vendeur... Il me restait très peu d'argent cash et il l'a laissée aller au tiers du prix demandé. J'ai discuté après avec quelques artistes, regardé des toiles, et je leur expliquais que je n'avais plus d'argent... L'un d'entre eux m'a trouvée sympathique et m'a offert une toile en cadeau. Les Haïtiens sont comme ça... ils n'ont rien mais te donnent tout.

Et puis en début de soirée, ma coloc de chambre, une Québécoise aussi, a proposé qu'on aille voir un spectacle du Tropicana, qui est le groupe le plus connu d'Haïti. Impossible de refuser!! On s'est rendues au Djumbala. Y'avait 7 blancs pour 500 Haïtiens je pense!!! Et on a fait connaissance avec comment ça marche les spectacles... Annoncé pour 9h, la première partie a débuté à 10h30 et a duré 2 heures. Une chance que c'était bon! On a eu droit à une heure de break après, tests de son, discours, les Haïtiens aiment ça faire des discours! Même un humoriste qui se moquait un peu des projets Cash for Work, selon ce que Dominique a compris... Et le Tropicana a commencé à jouer à 1h30 du matin. On est parties à 2h. Le départ pour la plage était fixé à 8h ce matin... j'suis un peu en dette de sommeil là. C'était super bon la demi-heure qu'on a vue. Y'avait à peu près 20 musiciens sur scène...

Et aujourd'hui plage, la même que l'autre fois. Événement marquant de la journée : sur la route une vache nous bloquait le chemin. Les vaches ont leurs cornes ici. Quand on a essayé de la contourner, ça n'a pas fait son affaire et elle a un peu chargé le minibus... Elle ne nous a pas touché, aucun dommage. Mais y'a quand même ben juste ici que j'aurais pu voir ça!

jeudi 20 mai 2010

Cliniquement parlant

Ça fait deux jours que je vais à Carrefour, le plus gros des camps, et le plus loin des maisons et des bureaux de HI. Je passe probablement près de 4 heures par jour en transport, avec aussi des périodes d'attente entre les déplacements, ce qui fait que finalement on travaille d'environ 10h à 3h45 à l'antenne.On part à 7h le matin, et ce soir on est rentrés à 18h30. Je ne suis pas encore allée dans la communauté à cet endroit. On est une assez grosse équipe, 2 physios (mon collègue Jiovanni est Haïtien et a fait son cours en République-Dominicaine) avec 4 ou 5 autres thérapeutes locaux. On voit près de 60 personnes par jour à l'antenne même.

Les principaux cas rencontrés sont orthopédiques. Plusieurs ont eu des fractures aux membres au moment du séisme, parfois avec fixateur externe qui est habituellement retiré avant qu'on nous les envoie. Les retards de consolidation sont plutôt fréquents, nos bénéficiaires n'ont pas les moyens d'avoir une bonne alimentation et ça cause des problèmes. Y'a quand même aussi pas mal de neuro périphérique, les tissus ayant été déchirés par les débris. Beaucoup de pieds tombants, quelques plexus brachiaux aussi. L'antenne est à côté des tentes de MSF Hollande et encore de très nombreux patients ont des fixateurs externes, j'imagine qu'on les verra arriver bientôt. Aujourd'hui j'ai rencontré un homme dans la cinquantaine, non-voyant depuis quelques années. Il a fait une chute de 25 pieds au moment de sortir des décombres probablement, il devait être plutôt désorienté, et s'en sort avec une fracture complexe du poignet. Chanceux dans sa malchance tout de même!

Ensuite j'ai vu plusieurs amputés, membre supérieur ou inférieur. Je n'en ai traité aucun par contre donc je ne connais pas les détails. On fait un peu de soins de plaies aussi.

Et y'a une quantité assez phénoménale de gens qui arrivent post-AVC. On en aurait noté une augmentation de la fréquence suite au séisme en raison du stress. Certains ont pu être vus précocement et récupèrent... J'ai vu une dame aujourd'hui qui commence à avoir du mouvement au membre supérieur distal. C'est encourageant. Y'a d'autres situations plutôt désolantes... Hier une dame dans la cinquantaine, démunie, qui se présente en raison des suites d'un AVC qui date de 3 ans... Le pronostic est plutôt mauvais, ça prendrait une grande intensité d'interventions pour arriver peut-être à changer quelque chose. Je ne sais pas trop comment aborder la situation si on pense aux priorités, faudra en discuter en équipe.

Avec toute l'équipe HI on a recensé entre dix et quinze blessés médullaires. Certains très anciens. C'est surprenant, ils n'ont pas une très grande espérance de vie ici. Les adaptations visant la prévention sont rares et l'enseignement pour les soins d'élimination semble inexistant... Les risques de plaies sont élevés. Quelques-uns ont été opérés à Miami aussi et commencent à revenir. Comment un BM peut vivre dans une tente? Sans lit? sur un matelas de foam? en fauteuil dans des chemins accidentés, irréguliers??

Y'a les blessés du séisme, et y'a aussi des accidentés de la route, des blessés par balle aussi, la vie étant ce qu'elle est ici. Les gens conduisent en fou!! et la violence dans certains quartiers qui nous sont interdits est bien présente.

Pas de notion encore d'ostéomyélite...

Pour pratiquer votre créole : 

  Une scène typique du matin.

mercredi 19 mai 2010

Go Habs Go!

Première sortie en dehors du cadre de HI hier. On est allées souper dans un resto chic de Pétionville, La Réserve. Un steak, wow!! C'était vraiment bien. Des tables en plein air, avec des terrasses couvertes aménagées, un bel éclairage. Même si on n'est pas parties tard, comme le soleil se couche très tôt ici on mange nécessairement à la nuit tombée. Et c'était plein d'expats de partout, y'avait une table de Québécois pas très loin de nous. Et on diffusait le match du Canadien d'hier... J'avais su pour la défaite de dimanche. Une de plus c'est trop! Vous leur botterez les fesses pour moi!

Les expats

Alors... on est bien près de 70 maintenant en Haïti avec HI. Tous les postes clés sont occupés par des expats, supportés par des gens de la place. C'est comme ça autant au niveau de l'administration, de la logistique, que des programmes en tant que tel. On vient des 5 continents en fait! De ceux dont je connais l'origine, y'a des Français (beaucoup), des Canadiens (du Québec et d'ailleurs), des Américains, des Belges, des Suisses, des Philippins, des Salvadoriens, des Australiens et un Togolais! Et ça c'est ce dont je me souviens. Les âges sont très variés, ça va de début vingtaine à la cinquantaine. Je pense être assez proche de la médiane, probablement moins de la moyenne. 

mardi 18 mai 2010

Première histoire touchante

Déjà un début de défi ici... je sens que ça va être facile d'en avoir plusieurs histoires de ce genre, malheureusement.

On approche lundi après-midi d'un chapiteau érigé au milieu du camp qui fait office d'église. Les Haïtiens sont très croyants et pratiquants, d'ailleurs dimanche en roulant en ville on pouvait voir tout le monde bien mis pour se rendre à la messe. Adossés au chapiteau, un papi, avec deux femmes et une petite fille de 8 ans qui nous sourit et s'agrippe à nos mains. Visiblement, elle a une déficience motrice cérébrale, avec déficience intellectuelle. Elle ne communique pas de façon verbale mais a un visage vraiment expressif et ne semble pas malheureuse du tout. Elle marche quelques pas mais se déplace plus facilement avec de l'aide. Elle est orpheline. Ses deux parents sont probablement morts dans le séisme... Sa tante en prend soin, mais elle voudrait bien retourner travailler, histoire d'avoir un petit revenu et pouvoir assurer leur subsistance. On cherche une école ou une ressource spécialisée qui pourrait prendre soin de la fillette pendant la journée. Les dernières démarches effectuées n'ont pas porté fruit et on doit réactiver le dossier.

Les déplacements

HI a une flotte assez incroyable de 4 x 4, pick up, minibus aussi. Plusieurs sont attribués à chaque maison, avec leurs chauffeurs. Y'a un radio opérateur qui s'occupe de noter les déplacements de tout le monde. On doit donc se signaler à lui, chacun avec notre nom de code, au départ et à l'arrivée, avec le numéro du véhicule utilisé. On est donc suivis à la trace partout où on va. Les chauffeurs sont de la place et connaissent Port-au-Prince comme le fond de leur poche. La culture fait qu'ils sont parfois un peu longs à se mettre en route... Faut ralentir notre rythme aussi, sinon ça entraîne des frictions! On ne va pas les changer...

Pour les déplacements à pied, ben c'est interdit, sauf autour de la maison 3 et entre les maisons 1 et 4 en groupe. On est un peu cloisonnés dans nos maisons, et les expats qui sont ici depuis quelques semaines s'en ressentent et parfois ça fait un peu monter la tension. Pour tout de suite moi ça va...

À pied dans les camps, on n'est jamais seul. On doit toujours être accompagné par au moins un Haïtien membre de l'équipe.

Minorité visible

Fin du briefing hier matin. J'ai rencontré la personne qui s'occupe des RH. J'ai des sous maintenant! Et aussi un coordo au niveau logistique, et la personne responsable de l'approvisionnement des différents points de service et des maisons. Y'a vraiment beaucoup de monde qui s'occupe de l'organisation.


Et début du travail sur le terrain. Finalement je travaillerai en alternance sur les camps de Pétionville Golf, carrément un terrain de golf réaménagé en camp, par nul autre que Sean Penn, qu'avec un peu de chance je croiserai un de ces jours, et Carrefour, le plus gros des camps actuellement. Des dizaines de milliers de personnes dans chacun.

J'ai d'abord rejoint une autre expat à l'antenne (la tente) même de Golf. Elle est située très en hauteur dans le camp qui est dans une forte pente. Ça rend l'accès évidemment difficile aux bénéficiaires, donc on doit souvent descendre donner des services directement chez les gens. J'ai fait rapidement ma première évaluation à l'antenne. On a une bonne collaboration avec un hopital à la sortie du camp opéré par MSF je crois donc on peut référer facilement au besoin.

Chaque antenne a un responsable local qui a une formation psychosociale et est responsable de la gestion de l'équipement, des dossiers... On a une fiche pour chaque bénéficiaire avec une évaluation assez détaillée de la situation psychosociale de la personne, ses besoins en terme d'abri et autre équipement, et une évaluation plus sommaire de la situation physique, des problématiques, des traitements reçus. On peut faire une note d'évolution à chaque traitement et donner des rendez-vous pour faire le suivi. Y'a aussi un animateur chargé de faire patienter les gens qui attendent les services. Il les fait chanter, organise diverses activités artistiques, invite les gens aussi à s'exprimer sur leur vécu. Y'a des groupes de discussion aussi organisés spécifiquement pour ceux qui vivent le plus de symptômes de stress.

En après-midi, je suis descendue avec Mario (le responsable de l'antenne) dans le camp, faire du recrutement pour une clinique ORL qui aura lieu ce mercredi matin. . On prend les coordonnées de la personne et la raison de consultation en gros. Et on les invite à monter mercredi à l'antenne. En fait il fait le gros du travail à ce niveau étant donné que ça se passe en créole. Le rôle des expats en est un de support et d'enseignement. Faire l'évaluation de la situation au niveau physique, déterminer l'orientation et recommander le plan de traitement aux techniciens locaux qui appliquent les recommandations, et font office de traducteurs durant les rencontres. Mais j'ai quand même donné mon premier traitement dans le camp en après-midi auprès d'une blessée orthopédique qui récupère bien.

En circulant, partout les enfants que je croise s'exclament ''blanc! blanc!''. Ils sont super attachants. À notre premier stop, pendant que Mario notait les besoins des gens, ça a pas pris 30 secondes que j'avais trois fillettes entre 3 et 5 ans accrochées à mes jambes. Elles répétaient ce que je disais sans comprendre et en faisaient des chansons, ça sautait à la corde, dansait. Elles ne voulaient plus me laisser partir quand on a dû s'en aller quelques minutes après.

Je pense que je vais aimer ça. On ne peut pas faire beaucoup pour chacun mais ça fera vraiment une différence sur leur fonctionnement au bout du compte. Je n'ai pas eu le choc que j'anticipais en entrant dans le camp. Le plus dur c'est la chaleur. Sous la tente il doit faire plus de 40 degrés.

Ce soir c'est fête. Y'a un party à la maison 1 pour le départ d'un expat. Et demain c'est la fête du drapeau pour les Haïtiens. C'est congé férié. Les employés locaux de HI sont presques tous en congé. On prévoit encore des manifestations. Ça a bougé pas mal aujourd'hui et y'a eu quelques incidents mais je travaille loin de là donc je n'en ai même pas eu connaissance.

Des images du camp Golf vu de la tente HI, avec la mer jamais bien loin, et la descente vers l'entrée du camp.

En acclimatation

On n'a pas d'internet depuis 3 jours à la maison maintenant. Personne ne semble savoir pourquoi, ni s'occuper du problème. On va squater la maison 1, à 2 minutes à pieds de chez nous pour avoir accès. Je prends de l'avance à l'écriture, en attendant de pouvoir publier.

J'ai eu une journée de briefing samedi qui m'a permis de voir quelques-unes des maisons d'HI. On est vraiment très bien logés, c'est presque gênant. En même temps, j'me dis que ça contribue à notre efficacité sur le terrain si on peut bien récupérer.

Dimanche c'était journée de plage. Près de 2 heures de minibus d'abord pour traverser Port-au-Prince, vers le nord. Ensuite sur une route qui longe la côte, entre mer et montagne. Les paysages sont impressionnants. Le pays, vraiment, est magnifique et devrait mériter d'être visité. Bien sûr la pauvreté est importante et partout. Y'a littéralement des rivières de déchets en ville, les véhicules sont super polluants aussi. Mais je trouve du charme aux petits commerces à tous les coins de rue. On peut trouver  autant des fruits frais, qu'un coca-cola (bien) froid, ou de l'artisanat local.

La plage où on est allés est en fait un club privé, fréquenté par les expats de plein d'ONG sur place actuellement et aussi par des Haïtiens ayant des moyens. J'ai fait connaissance avec l'indigo, je crois. On était installés sous un arbre dont la sève tache la peau et tout le reste de violet. Et c'est coriace. J'en ai encore sur un bras et sous les pieds.

Dans la catégorie métier dangereux, au retour. À flan de montagne, dans une section vraisemblablement exploitée comme carrière, 75 m en hauteur, un homme noir qu'on distingue bien sur la paroi calcaire, détache des pierres à coup de pic.

Sur la route en se rendant... l'air est très lourd.

Un des nombreux contrastes de la place.

lundi 17 mai 2010

Je vais bien

Je ne sais pas trop ce que vous entendez et voyez dans les médias, ça a brassé un peu ici, et y'a d'autres manifs prévues demain. Je suis en sécurité. Si y'a des risques, on ne va tout simplement pas travailler et on reste à la maison, qui est murée tout le tour avec aussi un gardien armé, dans un quartier tranquille. Donc, ne vous inquiétez pas!!!

On n'a plus le net à la maison, donc je ne peux pas publier ici comme je voudrais, mais j'écris et fais des réserves pour quand j'aurai un meilleur accès.

vendredi 14 mai 2010

Premières impressions

J'ai l'impression que je pourrais écrire 200 pages avec juste la première heure tellement tout est différent, tout me frappe, me fascine. J'ai eu peu de contacts avec des Haïtiens aujourd'hui donc je ne peux pas tellement m'imprégner de leur réalité et y réagir. Ça viendra probablement.

Haïti lorsqu'on l'approche pour l'atterrissage est magnifique. C'est un terrain très montagneux, de vieilles montagnes vertes plissées. La partie nord de l'île semblait plus sèche et déforestée, mais près de la capitale la végétation semble abondante. J'étais sous le charme de ce paysage de bord de mer donc, jusqu'à ce que j'aperçoive des étendues de terrain plus ou moins grandes et denses parsemées de taches bleues. Les bâches des abris temporaires. Les camps. Je suis revenue assez rapidement à la réalité et à ce que je viens faire ici.

Des gens de l'organisation m'attendaient à la sortie de l'aéroport, et on s'est payés une sacré ballade jusqu'au bureau de coordination, et ensuite jusqu'à la maison 4, mon nouveau chez moi. Pas question que j'envisage de conduire ici.... Trop fou. Suis même pas sûre qu'on a le droit. D'abord c'est très technique, étant donné la qualité des chemins. Pas de 4 x 4 tu vas pas partout c'est certain. Ensuite le seul code qui semble tenir c'est je klaxonne, pousse-toi.

En ville y'a des camps installés un peu partout, partout où y'a de la place. Y'a encore des tas de gravats où on devine l'existence de maisons détruites par le séisme. Mais ça a l'air tellement lointain dans le temps, la ville est très vivante, et 4 mois c'est suffisant pour que des mauvaises herbes commencent à envahir les ruines.

Je vis dans une grande maison, avec cour toute murée et gardée. Je serai coloc ce soir avec une Québécoise qui doit changer de maison demain. Ensuite, sais pas. On a l'air clim dans la chambre!!! Tout le monde a l'air bien sympa. Y'a 2 manguiers dans la cour, et des bougainvilliers, et des cocotiers.....

J'aurai le temps de m'acclimater avant de débuter le travail. J'ai un briefing de 2 jours, demain et lundi. Dimanche c'est congé, et mardi c'est un férié ici. Je devrais commencer le travail mercredi et en savoir beaucoup plus sur ce qui m'attend d'ici là.

En transit

Le dernier 24 heures a été assez intense merci... Une chance que j'ai eu l'aide de ma mère mercredi pour avancer le déménagement et le ménage... Je n'y serais pas arrivée toute seule, et ça a été tellement plus agréable surtout!!

Je suis arrivée à Montréal 4 heures plus tard que je croyais, la nuit a été très très courte. Petits ennuis aux douanes, j'ai été sélectionnée pour une fouille de bagages... Prolongement de l'attente, et course jusqu'à la porte d'embarquement. Quand on entend son nom au haut-parleur avec la mention on ferme dans 1 minute, ça motive. C'était même pas ma faute en plus.Une fois assise dans mon siège j'ai pu relaxer et j'ai réussi à dormir pas mal sur le premier vol donc je rattrape un peu de sommeil. Un bon café Starbucks devrait m'aider à me requinquer tout à fait et je devrais être réveillée à mon arrivée à Port-au-Prince, dans environ 4 heures.

J'ai clarifié la question décalage... Haïti et le Québec c'est le même fuseau horaire, mais les Haïtiens n'avancent pas l'heure pour l'été, donc il est une heure plus tôt sur Port-au-Prince.

Je suis en transit à Miami, dans le plus grand aéroport que j'ai vu à date. On peut certainement y marcher plusieurs kilomètres. Bon peut-être que Charles-de-Gaulle s'en rapprochait un peu... Ça remonte à un bout de temps, je ne me souviens pas bien. Je retourne tuer le temps autrement...

mardi 11 mai 2010

Les défis

Voilà! Départ officiellement fixé à vendredi matin 0615 comme on écrit sur les billets électroniques... Je pars pour Port-au-Prince via Miami. J'arriverai en milieu d'après-midi en Haïti.

On a eu un super souper de la famille élargie samedi dernier. Et pour perpétrer une tradition de la famille plus proche, j'ai demandé aux gens présents de me donner des défis pour les mois qui s'en viennent. Si vous voulez en ajouter dans les commentaires ça serait chouette, bien que la liste soit déjà bien garnie. Ça peut vraiment aller dans tous les sens, soyez créatifs. Je retranscris tel quel ceux que j'ai déjà :

- Trouver le nom des 5 plus belles plages et les visiter si possible.
- Garder le sourire.
- Put both feet in the ocean and enjoy yourself, à tous les jours je doute que ça se fera, mais aussi souvent que possible!
- Me procurer des fleurs, si possible des oiseaux du paradis et en faire des bouquets à plusieurs reprises, noter les circonstances et les bonheurs que ça me donnera.
- Dire les sortes de fleurs que la cour de mon logement contiendra.
- Apprendre une chanson folklorique en créole.
- Apprendre un rituel vaudou ou prendre des photos d'oiseaux exotiques.
- Un poème créole, avec un paysage qui correspond.
- Récolter au moins 3 dessins ou petits mots de la part d'un Haïtien.
- Soigner plus de 70 personnes.
- Rapporter le plus gros coquillage que je trouverai à la plage.
- Prendre en photo le plus bel endroit que je trouverai avec le premier passant que je verrai.
- Me renseigner sur l'agriculture en Haïti.
- Trouver une recette et la partager.
- Raconter l'expérience la plus touchante de mon travail.
- Participer à une cérémonie vaudou.

jeudi 6 mai 2010

Ça se précise

Les jours passent et j'en apprends un peu plus. Handicap International semble une machine très bien huilée avec des procédures très claires. Jusqu'à maintenant j'ai parlé à 2 personnes, en plus de communiquer par mail avec 2 autres, et tous sont très très aidants, disponibles et les contacts sont agréables. Ça augure bien pour quand je serai là-bas.

Je partirai donc quelque part entre les 14 et 16 mai prochains pour Port-au-Prince. Je devrais rester là dans une maison en colocation assez étroite... Il y a une quinzaine de personnes qui vivent dans chacune des 4 maisons de l'organisation de la capitale, à 3-4 par chambre, en plus des tentes dans la cour arrière. 2 à 3 locaux sont engagés pour assurer la confection des repas, l'entretien de la maison, le lavage... pour qu'on puisse se consacrer à ce pourquoi on se trouve sur place, le travail, et le repos quand on ne travaille pas. Les expats payent pour la nourriture avec le per diem.

Je me demande encore un peu ce que je vais faire... HI a plusieurs sections au volet santé de ses activités en Haïti. Une première partie se déroule dans les hôpitaux, soins directs aux blessés, et aussi enseignement au personnel haïtien des soins de base en réadap. Ensuite il y a un volet plus communautaire avec différents points de service pour les blessés qui auraient quitté l'hôpital et qui sont retournés dans leur famille, ou dans les camps, ou qui ont quitté la ville et sont partis vers la campagne. Et y'a le volet orthèses-prothèses pour appareiller les amputés des membres inférieurs avec des prothèses pour le moment temporaires qui seront au fil du temps remplacées par des prothèses définitives. Je figure que je me retrouverai soit dans les hôpitaux ou dans le communautaire, étant donné que je n'ai aucune connaissances en appareillage... Mais bon. Tout s'apprend. Quand je leur demande où je m'en vais j'ai un peu l'impression qu'eux ne savent pas précisément encore non plus... On verra sur place. Ça ça ne me stresse pas du tout.

Les communications se sont assez bien rétablies au pays, si bien que j'aurai mon premier téléphone portable à vie, gracieuseté de HI, question de sécurité, que les gens de l'organisation puissent me rejoindre en tout temps, et aussi question d'organisation. Et ça rassure les mamans!

J'apporte aussi mon portable puisque on a accès au wifi de la maison. Je devrais donc pouvoir alimenter mon blog assez régulièrement, fonction de mon humeur et de mon énergie.

Question logistique, il me manque juste les papiers médicaux qui disent que je suis fit pour partir et quelques vaccins... ça va se faire la semaine prochaine.

8 à 10 dodos donc avant le départ... je n'ai jamais débuté un si court décompte du genre!