mercredi 30 juin 2010

Antenne Gonaïves officiellement fonctionnelle!!!

Ça y est! On a reçu nos premiers bénéficiaires lundi matin. En arrivant à 8h il y avait déjà quelques personnes qui attendaient... Et aujourd'hui on a dû retourner du monde, on aurait terminé à 6h. Ils reviennent demain matin. On a vu en tout 17 personnes, ce qui est pas mal, considérant que ce sont toutes des évaluation initiales, plus de paperasse, plus le temps d'évaluation... On est allés en communauté deux fois déjà où on a pu voir quelques bénéficiaires qui ne peuvent se déplacer chez nous. La clientèle est assez différente ici par rapport à Port-au-Prince. (Ça y est, l'orage de la mort qu'on attendait depuis le milieu de l'après-midi débute pour vrai on dirait...) On a beaucoup beaucoup d'AVC, surtout des anciens, et plutôt chez des jeunes adultes.... triste. Aussi plusieurs malformations congénitales, des scolioses jamais traitées et autres difformités. Des amputations aussi. Les deux que j'ai vues méritaient une révision de moignon. J'espère qu'on pourra la faire et ensuite référer pour appareiller éventuellement. Y'a aussi des vieux traumas, qui datent de 5 ou 10 ans, des gens qui n'ont jamais eu de réadaptation et ont gardé des contractures et faiblesses importantes. Pour les contractures c'est perdu d'avance la plupart du temps, mais un peu de renforcement je me dis que ça ne fait pas de tort. Plusieurs enfants et adolescents déficients moteurs cérébraux aussi... Posit en vue! Ça ressemble à ça. Des petits ennuis de santé m'ont gardée près de l'antenne aujourd'hui, j'espère que demain c'est mieux et qu'on peut aller encore en communauté!

dimanche 27 juin 2010

Pourquoi faire simple

J'allais acheter une agrafeuse. D'ailleurs, les Français et Haïtiens sont fous d'appeler ça de même, on dit une brocheuse.

André, mon chauffeur pour la journée, m'amène dans une librairie papeterie. Ça doit bien être la seule chose qu'on ne trouve pas au marché. J'entre là et demande à voir les brocheuses. Un jeune homme me montre ce qu'ils ont et je fais mon choix. Jusque là tout semble complètement ordinaire.

Il produit donc une première facture papier avec l'entête du magasin, et deux autres copies sur une tablette ordinaire et je sors mon argent pour régler. Il me fait très clairement comprendre que ça n'est pas comme ça que ça fonctionne et me montre une dame derrière un comptoir où la partie haute est constituée de barreaux et où un espace est destiné à transmettre l'argent. Je comprends que la caisse est là et je ramasse la brocheuse et la boîte de broches pour m'y rendre, mais il retient le matériel et me laisse seulement la facture officielle et une copie. Je m'approche donc du comptoir avec mes sous sans pouvoir déjà m'empêcher de sourire tant ça me semble absurde.

La dame prend mes sous et les factures et sort ses étampes, d'abord le timbre officiel du magasin et ensuite la mention payé sur chaque copie.

Je retourne à l'autre comptoir avec ma facture payée, on la prend et une troisième personne étampe "livré" sur ma facture et me tend un sac avec mes achats....

Déjà vu un système pareil ailleurs?? J'espère que ça n'est pas une juste représentation de comment les choses fonctionnent dans ce pays.

samedi 26 juin 2010

mélou et Lucky Luke

Le premier feedback que j'ai eu des Gonaïves la semaine dernière c'est Soumaya, la chef de projet, qui me l'a donné. Elle avait parlé à Henri, sur place depuis un ou deux jours. Il lui a dit que c'était le far west.

Je pensais qu'il parlait du débroussaillage qu'on aurait à faire ici. Je ne m'imaginais pas que ça pouvait être l'impression que les lieux physiques produisent. Là je me sens un peu en plein western, je pense qu'éventuellement les Dalton vont sortir du bar du coin... Y'a que la couleur de la peau des personnages qui change, et aussi la quantité de moteurs.

Les Gonaïves, c'est une plaine désertique, entre l'océan et les montagnes. C'est poussiéreux jusqu'à la pluie, ensuite c'est l'inondation et la boue. Les gens doivent souvent vider leur maison au seau. Imaginez en cas d'ouragan...

Les constructions sont en général plus basses et modestes qu'à Port-au-Prince. L'étage de celles qui en ont un s'allonge à l'avant et est supporté par des colonnes. Il reste quelques belles constructions massives qui auraient bien besoin de travaux. On peut quand même imaginer que la ville a été prospère.

Les routes n'en sont pas, ce sont des pistes où on trouve facilement un pied d'eau boueuse après la pluie. Ici les règles de sécurité sont moins strictes que dans la capital, ainsi je peux marcher de jour et j'ai le droit de conduire!!! Henri m'a testée au volant du 4 x 4 hier et m'a donné mon permis.

Je vais essayer de ne pas prendre trop de mauvais plis car on va me détester au retour... Pout pout tasse-toi je passe, tu roules pas je te coupe, pout pout merci! Flash les lumières tu me laisses passer? Et tout ça dans des chemins troués où il n'y a pas de loi.

Je vis pour l'instant à l'hôtel Union des Frères et c'est assez confortable. Enfin une chambre à moi!! Ça fait du bien de me retrouver un peu mais je vais bien vite m'ennuyer. Toutes les pièces utilitaires de l'hôtel sont à l'étage, dont la chambre et le restaurant, donc pas de souci c'est sécuritaire.

L'antenne est aussi très bien située. C'est au Podium des Jeunes, un gros complexe tenu par un personnage important de la ville. Il y tient des matchs de basketball ou différentes cérémonies à la demande. Vendredi il y avait une remise de diplômes sur place. Tout le monde en ville connaît l'endroit et c'est accessible, parfait pour les bénéficiaires. En plus, ça a servi de refuge pour 1000 personnes lors des ouragans en 2008, c'est super sécuritaire.

Le rythme de vie va vraiment être différent ici, je peux partir à 7h45 le matin et serai de retour pour 17b. Je continuerai à travailler un peu le soir pour les communications par mail avec les partenaires à mon rythme.

Je suis seule expat pour le week end, pour la première fois depuis mon arrivée au pays. Mais les employés locaux d'HI pour la logistique et le transport sont super disponibles et je peux faire appel à eux au besoin. Daniel, le français qui s'occupe de la base ici revient lundi.

samedi 19 juin 2010

Ça bouge!!

Déjà plus d'un mois de mission derrière moi... le temps passe bizarrement ici. J'ai l'impression d'être arrivée hier, mais d'avoir tout plein de vécu en accéléré et aussi une nouvelle grande famille ici. Les liens se tissent très rapidement quand on vit et qu'on travaille ensemble dans un contexte pas toujours facile.

Mon séjour à Port-au-Prince s'achèvera plus vite que prévu puisqu'on m'a désignée pour aller aux Gonaïves où on ouvre une nouvelle antenne. HI était déjà installée dans la région pour de la distribution principalement depuis les violents ouragans qui ont ravagé la région jusqu'en 2008. Maintenant c'est le projet santé qui va s'implanter. Mon collègue Henri est déjà allé sur place cette semaine pour trouver le nouvel emplacement et rencontrer les partenaires, je prends le relais dès lundi mais le rejoindrai jeudi pour deux jours de transition. Une antenne loin de Port-au-Prince c'est plus de responsabilités, mais je me sens prête, et je suis contente de pouvoir vivre ça sur une première mission. On n'est que deux expatriés qui travailleront là-bas. Il n'y a pas encore de maison, actuellement ils vivent à l'hôtel.

Je passerai donc une dizaine de jours là-bas, avant de partir en break. J'ai 5 jours plus deux fins de semaine... et un voyage payé jusqu'à Santo-Domingo avec un peu d'argent de poche. Je compte bien utiliser ce temps pour me retrouver un peu, c'est difficile d'avoir de l'intimité quand on vit en communauté. Ça me manque. Je consulte les collègues pour pouvoir choisir un hôtel qui me convienne. Quand je reviendrai il me restera un mois de travail au Gonaïves et retour à la maison.

dimanche 13 juin 2010

2 défis

Hier Dominique nous a rapporté des fleurs à la maison. On a donc plusieurs bouquets dans les pièces communes!!



Et j'ai réussi à prendre une bonne photo d'un oiseau que je n'avais jamais vu avant.

Lire Laferrière à Port-au-Prince

J'ai terminé Tout bouge autour de moi à l'aéroport de Miami. Comme une préparation au monde que j'allais découvrir à Port-au-Prince les jours suivants.

Depuis une semaine maintenant je lis L'Énigme du retour, que ma mère m'a prêté avant que je parte. Et je suis contente de le lire maintenant que j'ai pu sentir le pouls de la ville dans tous ses paradoxes. Je connais les odeurs desquelles il parle, les regards, les bruits et aussi le silence. Parfois ça me fait sourire :
Le klaxon sert à tout. Il remplace parfois le chant du coq. Il secoue le piéton distrait. Il annonce un départ ou une arrivée. Il exprime la joie ou la colère. Il monologue sans cesse dans le trafic. Interdire le klaxon à Port-au-Prince serait de la censure.
 Parfois c'est plus confrontant :

Ils ont construit ces maisons en espérant que leurs enfants qui étudient à l'étranger reviennent prendre en main les affaires familiales. Comme ces derniers refusent de retourner dans un pays plongé dans les ténèbres, ce sont les parents qui se rapprochent d'eux en allant s'installer dans des métropoles où on trouve un musée, un restaurant, une librairie ou un théâtre à chaque coin de rue. L'argent ramassé dans la boue de Port-au-Prince se dépense chez Bocuse ou à la Scala. Les villas sont finalement louées à prix d'or à des cadres des organismes internationaux à but non lucratif pourtant chargées de sortir le pays de la misère et de la surpopulation.
 Ces envoyés des organismes humanitaires arrivent à Port-au-Prince toujours pleins de bonnes intentions. Des missionnaires laïques qui vous regardent droit dans les yeux tout en vous débitant leur programme de charité chrétienne. Ils se répandent dans les médias à propos des changements qu'ils comptent apporter pour soulager la misère des pauvres gens. Le temps de faire un petiti tour des bidonvilles et des ministères pour prendre le pouls de la situation. Ils comprennent si vite les règles du jeu (se faire servir par une nuée de domestiques et glisser dans leur grande poche une partie du budget alloué au projet qu'ils pilotent) qu'on se demande s'ils n'ont pas ça dans le sang - un atavisme de colon. Leur parade quand on leur remet sous le nez le projet initial, c'est qu'Haïti est inapte au changement. Pourtant ils continuent dans la presse internationale à dénoncer la corruption dans ce pays. Tous les journalistes de passage savent bien qu'il faut passer prendre un verre près de leur piscine pour avoir cette information solide venant de gens objectifs et honnêtes - les Haïtiens, on le sait, ne sont pas fiables. Ces journalistes ne se demandent jamais comment il se fait que ces gens vivent dans des villas pareilles quand ils se disent ici pour aider les damnés de la terre à s'en sortir. 

vendredi 11 juin 2010

Histoire de langues

Comme c'était super calme aujourd'hui, pendant un break, j'ai pu discuter avec Marie-Dominique, l'infirmière de l'antenne. Je lui demandais si elle avait des enfants et ça a dérivé sur les écoles ici et la langue...

J'ai compris qu'il y a deux systèmes éducatifs bien distincts ici. Si au Québec on peut penser avoir une éducation de qualité de la maternelle à l'université dans un système public, il semble que ça ne soit pas le cas ici. Les écoles publiques sont selon elle beaucoup moins encadrantes pour les enfants, moins strictes au niveau du programme, ce qui fait que seulement 10 à 15% des enfants peuvent espérer réussir au bac. L'enseignement s'y fait en créole. Dans le système privé, tout est en français. Elle me disait qu'un enfant peut même être mis à la porte si on l'entend parler créole dans la cour de récréation. Elle-même ne parle que français avec sa fille qui a tout juste 5 ans... le créole c'est pour la rue, le français témoigne d'une instruction de qualité. Et socialement il semble vraiment y avoir une discrimination basée sur la langue, qui identifie carrément les riches et les pauvres, car l'école privée, ça coûte cher.

Ça commence déjà à la garderie, qui peut coûter entre 60 et 80$ par mois. Chez nous pour les garderies à 7$ ça fait près de 150$? C'est donc disons le quart de ce qu'on paye, pour des gens qui souhaitaient obtenir un salaire minimum à 5$ par JOUR. Faites le calcul... Seuls les très riches peuvent se permettre ça. Et souvent ce sont aussi les plus pâles...

J'essayais d'expliquer à ma collègue l'importance que prend la défense des droits des francophones au Québec et ailleurs au Canada, comment on tente de protéger la langue maternelle, comme elle appelle le créole. Je ne sais pas quelle importance ça a pour les Haïtiens de garder vivant le créole, dans toutes les classes de la société.

Haïti est football!!

Ça y est, la Coupe du monde débutait aujourd'hui... Partout les partisans qui ont installé le fanion drapeau de leur équipe fétiche sur la voiture (ça vous rappelle pas quelque chose?), on a peint les murs de la ville aux couleurs du Brésil et de l'Argentine, définitivement les chouchous.

J'adore les commentateurs haïtiens, tellement expressifs et émotifs, on se croirait dans le stade. Au Canada on est beaucoup trop calmes!! J'écoute avec le chauffeur le match à la radio quand on est sur la route, c'est en créole et je ne connais pas les joueurs mais j'ai du fun pareil! Quand c'est pas le match, c'est la Waving flag créole qui joue ou bien la Waka Waka de Shakira... au moins 1000 fois par jour.

Juste pour ça, bien que ça ait été encore une journée sous le signe du soleil, on a eu environ la moitié moins de patient, et de grands temps morts durant les deux matchs d'aujourd'hui... J'espère que c'est seulement parce que c'était la première journée.

mardi 8 juin 2010

Encore une histoire touchante

C'est pas dur, il en pleut. Mais ce garçon m'a particulièrement touchée.

La première semaine que j'étais à Delmas 33, on est allés voir un jeune orphelin dans le quartier St-Patrick. Il s'appelle John Kelly et a 11 ans. Il a perdu sa maman dans le séisme et a lui-même subit des blessures importantes à un pied, on a dû l'amputer des deux premiers orteils. Il doit avoir été coincé un moment dans les décombres car il rapporte aussi une hypersensibilité de l'autre côté.

Actuellement il vit dans une toute petite tente, à l'extérieur de la maison de sa tante. Sa "maison" prend l'eau. Et il ne veut pas dormir sous le béton, il a peur. Il passe la plupart de ses journées seul. 

Quand j'ai vu John Kelly la première fois, il était super amaigri. Quand le genou fait un gros renflement sur la jambe, c'est qu'il n'y a plus trop de chair autour des os. Il avait encore des plaies sur le pied droit, en bonne voie de guérison. Il rapportait énormément de douleur au pied et n'avait pas commencé encore à se toucher lui-même du côté amputé. J'ai insisté pour qu'on puisse commencer la désensibilisation. C'était extrêmement difficile pour lui. Il pleurait, de douleur mais aussi de constater l'absence d'un morceau de lui. Ça m'a virée à l'envers. Mais il a réussi, doucement. Et je l'ai encouragé à continuer à le faire tous les jours.

Comme ça fait des mois qu'il ne marche pas, il ne pouvait plus tenir sur ses jambes. Toute sa musculature était très faible. Pas question qu'il fréquente l'école pour le moment non plus...

Je l'ai revu la semaine dernière. Les plaies sont presque guéries, il a super bien fait ses devoirs et parvient à toucher l'ensemble de la cicatrice sans grimacer. Et il marche!!!!!! Son équilibre est mauvais et il a besoin d'un appui mais il a fait des progrès incroyables en une semaine!! C'est vraiment encourageant. On va le référer à un organisme qui peut donner du support aux enfants vulnérables, pour s'assurer qu'il est en sécurité et qu'il peut manger à sa faim. Si la désensibilisation va bien, on pourra le référer bientôt à notre atelier de prothèses et orthèses pour une chaussure adaptée. J'espère que la suite ira comme la dernière semaine.

Malheureusement, je ne le reverrai probablement pas. On n'arrête pas de me promener d'une antenne à l'autre... Présentement je travaille à Champ-de-Mars. Et on m'a dit que je serait peut-être désignée pour aller sur une nouvelle antenne qu'on va ouvrir le 15 juin aux Gonaïves. J'irais une ou deux semaines plus tard. Ça me permettra de voir du pays!

lundi 7 juin 2010

Techno!

Jeudi dernier on a eu une brève formation sur le fauteuil roulant Rough Rider, spécialement conçu pour circuler en terrain difficile.

Comme principales caractéristiques : c'est un fauteuil pliable, avec une inclinaison de 12 degrés. Le dossier est plutôt bas, les appui-pieds conçus pour prendre de la charge, les appui-bras non-amovibles. Les roues arrières sont semblables à des roues avec pneus de vélo de montagne, et les roues avant sont très larges et faites de caoutchouc, ce qui permet de pouvoir franchir facilement des roches. Il est fait d'acier et pèse une quarantaine de livres, mais sa composition le rend facilement réparable à peu près n'importe où. Les appui-pieds sont ajustables en hauteur et on peut aussi choisir l'emplacement des roues arrières. Le coussin est fait de deux épaisseurs de foam, une plus molle sur le dessus et celle du dessous est faite de foams recyclés déchiquetés moulés pour réduire la pression aux zones critiques.

On en aura près d'une centaine à distribuer en priorité aux gens qui peuvent se propulser eux-mêmes, les blessés médullaires vont avoir la vie plus facile avec ce nouveau fauteuil.

Voici le tout en image avec pour modèle Kirsty, ma nouvelle coloc PT anglaise :


samedi 5 juin 2010

Avant/Après

Un petit aperçu de mes maisons.
Maison 4 d'abord, où j'ai été accueillie :


Maison 5 où j'ai emménagé dimanche dernier :


mercredi 2 juin 2010

RIP VivanDieu Lainé

Le patient hémiplégique que j'ai fait transporter à l'hôpital lundi est revenu, en meilleure condition, hier soir au Centre Dadadou, un camp de Delmas 3. Ce matin il était bien, apparemment. C'est ce que nous a dit Madame Jocelyne, la responsable du camp. Pourtant, il est décédé peu après. C'est absurde.

Dieu peut tout

Depuis hier je rencontre des situations
auxquelles je suis peu habituée. Les gens ici sont extrêmement
croyants. Y'a le volet vaudouiste, bien sûr, mais on en entend
peu parler. C'est un peu plus tabou, j'ai l'impression. Dans un passé
pas si lointain, ces pratiques étaient condamnées et
l'église catholique, d'abord parce qu'après à
peu près tout le monde a ajouté son grain de sel à
l'histoire, a tenté de convertir le peuple haïtien. Et ça
a pas mal fonctionné. Dieu tout puissant est partout: sur les
taptaps, dans la rue, dans le discours des gens à tout moment.
Ainsi c'est une bonne journée, grâce à Dieu, je
t'appelle demain, si Dieu veut.

Arrive à l'antenne hier matin
une jeune femme, couchée sur un brancard. Elle a été
transportée chez nous par des membres de sa famille
probablement. Elle a eu une fracture vertébrale lors du
séisme. On l'a opérée et elle est demeurée
paraplégique. Aucun mouvement aux membres inférieurs
après 4 mois... c'est mauvais signe. Les médecins,
comme souvent ici, ne se sont pas vraiment prononcés sur le
pronostic. Ou ont parlé de la possibilité de remarcher,
si Dieu veut. Et comme Dieu peut tout, elle remarchera, c'est
certain, demain ou dans un an importe peu. En attendant, il faut
prier... Et moi là, je suis supposée lui expliquer que
peut-être Dieu ne peut pas tout, peut-être elle ne
remarchera pas, peut-être il faut penser à se
réorganiser, à vivre assise pour un moment, juste au
cas ou Dieu traînerait de la patte un peu. Vraiment ce n'est
pas facile. C'est aller déranger les valeurs les plus
profondes de ces gens-là. J'essaye de leur faire comprendre
que peut-être pour maintenant faut penser qu'avec l'aide de
Dieu ils peuvent s'adapter à la situation actuelle, en
attendant... Mais pour l'instant je ne sais pas jusqu'où porte
le message.

Loin de moi l'idée de banaliser
le fait de se retrouver en fauteuil roulant... vous le savez. Mais à
la maison ça serait plus simple quand même. Plusieurs
milieux sont accessibles, et la dame est secrétaire et fait
donc son travail principalement en position assise. Il y aurait
sûrement des possibilités d'aménager les tâches
en fonction de sa nouvelle condition, la voiture pourrait être
adaptée, elle pourrait redevenir autonome pour pratiquement
tout, avec un peu de temps. Ici... pffffff c'est l'Everest. Les
routes sont affreuses, le transport en commun inaccessible, rares
sont les rampes d'accès, et les personnes avec des handicaps
bien que de plus en plus visibles depuis le 12 janvier étaient
auparavant complètement en marge de la société...

J'espère tout de même la
voir revenir dans quelques semaines avec au moins la volonté
de gagner un peu d'autonomie, assise dans le fauteuil roulant qu'on
lui a attribué hier.

mardi 1 juin 2010

Bonjour spécial

J'ai cru remarquer, en consultant les statistiques de fréquentations de mon blog, une augmentation significative de l'affluence les mardis.... Coïncidence?? Bonjour à tous le monde du CRE!!! Je suis contente que vous me suiviez et je pense souvent à vous. Bonnes rencontres cliniques!! ;-)